Rowntree-Mackintosh
(Royaume-Uni)
Une célèbre association…
C’est en 1725 qu’une Quaker, du nom de Mary Tuke, ouvrit une épicerie, dans le nord-est de l’Angleterre, à York, à Walmgate très précisément, pour y vendre thé, chocolat et caféen grains. Presque un siècle et demi plus tard, en 1862, son descendant, William Tuke, cédait ses intérêts dans le cacao et le chocolat à l’un de ses coreligionnaires, Henry Isaac Rowntree (1838-1883), qui, en 1864, acheta, une fonderie d’York pour la transformer en unité de production. Associé avec son frère Joseph à partir de 1869, au sein de H. I. Rowntree & Co., il se consacra dès lors à la vente de ses deux principaux produits: le Superior Rock Cocoa, mélange de sucre et de cacao comprimé en gâteau, et l’Homeopathic Cocoa, à l’arrowroot. En 1881, un autre produit-phare connut d’emblée la faveur des consommateurs : les pastilles de gomme aux fruits. Dans les années qui suivirentla mort d’Henry, Joseph fut rejoint, à la tête de l’affaire, par ses deux fils, John Wilhelm et Seebohm. En 1887, il lançait un chocolat noir en poudre, Elect Cocoa, appelé à un immense succès. L’essor de l’entreprise devait l’amener à créer, en 1897, la société anonyme Rowntree & Co. Ltd., dont il fut le premier président, et, peu après, à transférer la production aux abords d’York, dans la nouvelle usine de Haxby Road, construite en 1890 — le siège du groupe et la principale unité de production se trouvaient encore là en 1991.
Comme d’autres capitaines d’industrie, le Quaker Joseph Rowntree (1836-1925) était pourvu d’un sens commercial exceptionnel.Sa politique sociale, concrétisée par le village modèle de New Earswick, jouxtant la fabrique de Haxby Road, s’apparentait à celle d’autres grands industriels du XIXe siècle. Il se soucia des intérêts et du bien-être de son personnel (d’une centaine de collaborateurs en 1879, celui-ci passa à 1 200 au tournant du XXe siècle, puis à quelque 5 500 et enfin à plus de 7 000 dans les années 1920). Il lança un journal d’entreprise, Cocoa Works Magazine (1902) [1], il mit en place une politique de santé (dès 1904, un médecin et un dentiste dispensèrent des soins gratuits), il créa un fonds de pension (1906), il développa des aides en matière d’éducation (stages de formation, etc.). Après sa mort (1925), l’entreprise se développa sous la férule de Seebohm Rowntree qui devait en assurer la présidence jusqu’en 1941 (2). C’est à George James Harris, directeur du marketing dans les années 1930, que la firme dut l’apparition de nouveaux produits, appelés à une notoriété internationale : Black Magic (1933), assortiment de chocolats noirs ; Aero (1935), chocolat au lait aéré ; Dairy Box (1936) ; Smarties (1938), pastilles chocolatées multicolores, etc. En 1935 naquit la barre Rowntree’s Chocolate Crisp, rebaptisée KitKat deux ans plus tard (3) — une superposition de plusieurs fines gaufrettes au chocolat, le tout enrobé de chocolat.
(1) En 1969, il deviendra le Rowntree Mackintosh News.
(2) Il devait mourir en 1954. George James Harris, qui épousa une Rowntree en 1933, lui avait succédé à la présidence en 1941 ; le rôle de celui-ci, comme directeur du marketing, avait largement contribué au succès de l’entreprise. Harris fut remplacé à la présidence, en 1952, par William Wallace.
(3) Elle ne fut introduite en France qu’en 1970.
Coll. A. P.-R.
Parallèlement à l’évolution de la firme des Rowntree, une autre entreprise connaissait une importante expansion. C’est en 1890 qu’une pâtisserie fut ouverte à Halifax par John Mackintosh et sa femme Violet, lesquels s’imposèrent rapidement en inventant, en 1892, le cream touffe (« toffee à la crème »), fait de sucre, de beurre, de lait et de glucose (4), et qu’ils baptisèrent Mackintosh’s Celebrated Toffee. Devenue société anonyme en 1899, sous la dénomination de John Mackintosh Ltd, l’affaire exportait déjà dans plusieurs pays (Italie, Espagne, Chine). Elle s’implanta industriellement aux États-Unis en 1904 et commercialisa son premier chocolat en 1912. À la mort de John Mackintosh (1920), son fils Harold (5) reprit les rênes de l’entreprise. La John Mackintosh & Sons Ltd. (1921) ne cessa de se développer, rachetant notamment, en 1932, la chocolaterie créée par John Caley (1828-1895) [6] à Norwich en 1860. Cette reprise allait permettre d’associer chocolat et toffees et allait déboucher sur les marques Quality Street (chocolats, 1936) et Rolo (menthes). Après le décès d’Harold (1964), son frère Eric lui succéda en 1965.
(4) Le toffee est un bonbon de sucre cuit, du type « caramel». La plupart des touffes appartiennent à la catégorie des bonbons souples.
(5) Il fut anobli en 1935, prit le titre de Lord Mackintosh of Halifax en 1948 et fut « promu » vicomte en 1957.
(6) Il se fit, semble-y-il, aider d'un spécialiste français formé par Menier. Sa chocolaterie fut gratifiée de la garantie tant recherchée « with the appointments of Queen Victoria ».
Mais, à l’ère des regroupements, ces deux destins parallèles, déjà liés par des accords régionaux, finirent par fusionner. Ainsi naquit, en 1969, la Rowntree Mackintosh Ltd., qui, en 1970, exportait dans plus de cent-vingt pays et sous la coupe de laquelle passèrent des firmes telles que : en France, Chocolat Menier S.A. (1971), Chocolat Ibled S.A. (1973) et Chocolat Lanvin S.A. (1977) ; en Hollande, Nuts Chocoladefabriek (1979) ; en Australie, James Stedman Ltd. ; au Canada, Laura Second (1983) ; aux États-Unis, Sunmark (1986). Dans les années 1980, le produit-phare demeurait la « gaufrette » KitKat, que les Britanniques consommaient à raison de 50 barres à la seconde — c’est aujourd’hui une des marques « milliardaires » (7) du groupe Nestlé. En 1988, le groupe, qui regroupait plus de vingt-cinq sociétés et comptait trente fabriques dans le monde, constituait la quatrième plus importante affaire de chocolaterie-confiserie, derrière Mars, Hershey et Cadbury. Cette même année, il fut absorbé par le holding suisse Nestlé S. A. et, en 1989, devint Rowntree Limited. Production et direction produits furent installées à York.
Les produits les plus connus restent, entre autres, les After Eight, les barres enrobées Nuts et Lion, les Smarties et l’assortiment Quality Street, souvent associé à la période de Noël dans les pays anglophones et dont la composition a quelque peu évolué au fil des décennies (douze parfums en 2012).
(7) Se dit d’une marque qui représente « un chiffre d’affaires supérieur au milliard d’euros » (Le Monde, 15 février 2013).
La publicité
1893, 63 x 45 cm.
1893, 72 x 35 cm.
Quality Street
1937.
Smarties
1956
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