Pailhasson
(France)
Cette chocolaterie de Lourdes (Hautes-Pyrénées) fut créée en 1729 par « un philanthrope, pharmacien », qui « imagina pour réconforter ses clients, de fabriquer un chocolat semblable à tous les chocolats connus jusqu’alors. Le chocolat Pailhasson obtint un succès de vogue. On croque machinalement le chocolat du pharmacien de Lourdes et on se rend à la grotte […]. Aujourd’hui, on vous considérerait comme bien peu de chose, si passant par Lourdes, vous ne fassiez emplette de quelques livres de chocolat Pailhasson. », rapporte Oscar Comettant dans De haut en bas, Impressions Pyrénéennes (1868)*. Déjà, un peu plus d’un demi-siècle plus tôt, en 1811, Aubin-Louis Millin en avait fait l’éloge : « aucun buveur d’eau ne manque de visiter la pharmacie de M. Paillasson, qui est arrangée avec une étonnante recherche : point de fêtes ni de bals à Baréges et à Saint-Sauveur, sans ses sirops, qui sont parfaits ; point de grands repas sans ses desserts qui sont montés avec la plus grande élégance; point de déjeuners sans son excellent chocolat : sa réputation de probité est aussi générale que la renommée de ses médicamens et de ses friandises ; et c’est l’homme le plus obligeant du pays. »
Une publicité de la chocolaterie indique qu'elle a eu pour clients célèbres, au XVIIIe siècle, le duc de Bourbon, Mme de Prie, le cardinal Fleury, Marie Leczinska, Richelieu, la princesse de Lamballe, et que « Princes, nobles, prélats, ne manquaient pas de s'approvisionner à la maison Pailhasson quand ils couraient en chaise de poste aux eaux de Cauterets, Saint-Laurent, Bagnères, Gavarnie, Lourdes, clef des sept vallées du Lavédan, sur le chemin des villes balnéaires des Pyrénées »**. Au siècle suivant, son renom serait devenu considérable grâce à l'impératrice Eugénie, qui en faisait une consommation régulière.
Au milieu du XIXe siècle, la fabrique était dirigée par Dominique Clément Pailhasson, pharmacien, puis elle le fut par François Vital Pailhasson, qui, lui, n’était pas pharmacien. Hors concours à l’Exposition Universelle de 1855, les Chocolats Paillasson furent récompensés par une médaille d’argent, en 1895, lors de l’exposition internationale de Bordeaux.
* Cité par Marcel Marc Douyrou, Chocolat de Bayonne et du Pays Basque, 2010.
** Le Monde Illustré, 16 juin 1877.
« Il est des personnes, et le nombre en est grand, qui n'avaient jamais pu supporter le chocolat et à qui celui de Lourdes a donné une vraie passion pour le cacao.
Est-ce encore un miracle ? On sait qu'il s'en produit en ce pays. Non, la fabrication perfectionnée de la maison Pailhasson, qui date de 1729, opère seule le prodige. C'est que cet établissement ne fait le chocolat qu'avec le cacao de première qualité et le sucre de canne le plus pur.
Depuis les chemins de fer et l'apparition miraculeuse de la grotte, les amateurs du chocolat de Lourdes se sont accrus dans des proposions considérables. Les fins gourmets s'adressent à la Pharmacie Normale, 15, rue Drouot, à Paris, ou directement à Lourdes, en envoyant à la maison Pailhasson un mandat d'au moins 30 fr. Les épiciers préfèrent suivre les chocolats de qualité sur lesquels il leur est fait une forte remise. »
Le Monde Illustré, 11 août 1877
Le Monde Illustré, 16 juin 1877
La publicité
Une affiche anonyme (vers 1900, 80 x 114 cm, Camis, Paris) montre deux écoliersde la fin du XIXe siècle (tablier gris, bottines noires, cartable en bandoulière), se battant, dans une rue, devant une affiche « Chocolat Pailhasson Lourdes », pour ramasser une tablette qui se trouve au sol. La chocolaterie édita un certain nombre de chromolithographies.
Copyright Annie Perrier-Robert © Tous droits réservés.
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