Papouasie-Nouvelle-Guinée
Ce vaste pays du Pacifique Sud — c’est la deuxième île du monde après le Groenland — a une vocation agricole très marquée. Il est producteur de cacao « fin » de première qualité.
Le cacao fut introduit en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) en 1880 par des négociants allemands. Il y rencontra des conditions de culture idéales sur les sols volcaniques des basses terres côtières. Mais la cacaoculture commerciale ne démarra qu’après le second conflit mondial, lorsque l’administration australienne entreprit d’y attirer les villageois. au début des années 1970, la PNG amorça une percée timide sur le marché mondial du cacao.
Créé en 1986 et sis à Tavila près de Keravat, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Rabaul, le Cocoa and Coconut Research Institute (CCRI) comporte quatre départements scientifiques consacrés au cacaoyer (amélioration génétique, agronomie, phytopathologie, technologies post récoltes). Il couvre tous les aspects de la recherche sur le cacaoyer. S’y adjoignent l’assistance aux petits planteurs et aux sociétés commerciales, la formation du personnel national, la pédagogie auprès des planteurs, etc. Cet organisme constitue pour tout le pays une base de distribution de matériel végétal (cacaoyer) sélectionné. Il possède aussi, à Kunvina, dans l’île de Bougainville, un second centre, qui distribue du matériel sélectionné provenant d’un jardin de plants hybrides. Enfin, sa tache porte également sur les agents pathogènes qui sévissent en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le plus important est la pourriture brune des cabosses (Phytophthora palmivora). Bien que 100 % des arbres sont infectés, on estime les pertes annuelles à 15-20 % de la récolte. Autre responsable de graves dégâts, identifié en 1960, le basidiomycète Oncobasidium theobromae Talbot & Keane (1971) provoque la Vascular Streak Die-back (VSD) qui sévit aussi en Asie du Sud-Est (Philippines, Malaisie). Une épidémie, dans les années 1960, a causé de 25 à 50 % de pertes selon les régions. Une nouvelle épidémie parasitaire marqua les années 1980. Si les attaques du parasite sont dommageables pour les jeunes plants, les arbres adultes infectés résistent relativement bien et la récolte n’en est pas affectée, ce qui explique que les planteurs n’en décèlent pas toujours les symptômes, que les papous peinent à concevoir la gravité de cette maladie et, faute, de traitements, la maladie progresse. Enfin, la teigne du cacao (Ephestia elutella), aussi appelée « pyrale du cacao », génère des pertes de production importantes dans les zones infestée et menace la qualité du cacao fin.
La province de Bougainville fut le haut lieu du cacao jusqu’à la fin des années 1980, période où éclata l’insurrection séparatiste. Jusqu’en 2008, la Gazelle Peninsula, en Nouvelle-Bretagne Orientale, fut ensuite la région la plus productrice de cacao (54 %), suivie des provinces de Bougainville (autonome à partir de 2005, 19 %), de Madang (8 %), du Sepik Oriental (6 %), de la Nouvelle-Irlande (5 %) et de la Nouvelle-Bretagne Occidentale (3 %), le reste se répartissant entre les plus petites provinces. En 2009, la plupart des plantations de nouvelle-Bretagne Orientale furent victimes du foreur de cabosses, et la production chuta de plus de 60 %. Mais, à nouveau, Bougainville fournit la plus grosse production. Cette suprématie recouvrée s’explique par le programme de réhabilitation supporté par l’agence australienne AusAID, l’Union Européenne, le UN Development Programme (UNDP) et d’autres organisations.
En 2011, la PNG produisait plus de 2 % du cacao mondial, ce produit constituant la principale source de revenus de quelque 151 000 foyers ruraux (soit plus d’un million de personnes) et concernant environ 27 % des 476 000 hectares de surfaces cultivées. Les rendements sont faibles, de 300 à 400 kg à l’hectare. La production, assurée à 80 % par des petits planteurs, fluctue d’une année à l’autre. Le cacao bulk est exporté vers les États-Unis, Singapour, la Malaisie et l’Indonésie ; 5 % vont aussi vers la Thaïlande, l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Par ailleurs, le cacao pouvant devenir un produit de subsistance durable pour de petits exploitants, une expérience a été tentée dans la province de madang : des villageois ont entrepris de remplacer les cacaoyers traditionnels par un semis de clones achetés au ccri. Grâce à une technologie encourageant la production de fèves de première qualité à grande échelle, et à de bonnes pratiques d’élagage et de fertilisation, l’Adelbert Conservation Cooperative Society, coopérative de planteurs créée en 2008 avec le soutien de l’ONG Nature Conservancy, a commencé à produire du cacao certifié équitable.
Le cacao de Papouasie-Nouvelle-Guinée
C’est un trinitario. Très parfumé, il présente des arômes combinés d’herbes coupées, de cuir et de terre. Il est à la fois agressif, harmonieux et sensuel.
Papouasie-Nouvelle-Guinée :
production de cacao
en milliers de tonnes
1960-61 9,271
1961-62 14,000
1962-63 15,500
1963-64 18,706
1964-65 20,438
1965-66 19,200
1966-67 21,400
1967-68 23,900
1968-69 26,600
1969-70 26,100
1970-71 29,100
1971-72 29,300
1972-73 23,300
1973-74 33,300
1974-75 36,000
1975-76 31,900
1976-77 28,500
1977-78 29,500
1978-79 27,000
1979-80 31,200
1980-81 31,700
1981-82 25,909
1982-83 27,572
1983-84 32,701
1984-85 35,239
1985-86 32,661
1986-87 32,000
1987-88 36,000
1988-89 47,000
1989-90 38,343
1990-91 31,946
1991-92 37,294
1992-93 35,735
1993-94 31,275
1994-95 29,000
1995-96 36,000
1996-97 40,000
1997-98 29,800
1998-99 35,600
1999-2000 46,800
2000-01 38,800
2001-02 42,400
2002-03 42,500
2003-04 38,900
2004-05 47,800
2005-06 51,100
2006-07 49,300
2007-08 51,500
2008-09 59,400
2009-10 39,400
2010-11 42,000
2011-12 ?????
2012-13 ?????
[ Source : FAO.]