Les autres espèces du genre Theobroma

 

 

« Les cacaoyers croissent naturellement et sans culture dans une infinité de lieux de l’Amérique qui sont entre les deux tropiques. », écrivait le père Jean-Baptiste Labat (Nouveau Voyage aux Îles de l’Amérique, 1722) en son temps. Selon le docteur Georges Pennetier, à la fin du XIXe siècle, on avait déjà recensé d’autres espèces que le Theobroma Cacao L., qui nous donne le cacao utilisé pour le chocolat et qui était l’espèce la plus répandue dans les Antilles. Ces autres espèces produisent aussi des fruits que l’on consomme dans leur pays d’origine. Le Theobroma minor (Gaertn) se caractérise par ses « cabosses fusiformes à cinq arêtes peu saillantes, longues de vingt centimètres sur cinq ou sept, à extrémité pédonculaire piriforme et à pointe libre fréquemment recourbée. » Le Theobroma sylvestris (Aub.), par son « fruit ovoïde, dépourvu d’arêtes, long de quatorze centimètres sur huit d’épaisseur et recouvert d’un duvet roussâtre ». Le Theobroma Guianensis (Aub.), ou « Cacaoyer de la Guyane », qui ne dépasse pas cinq mètres de hauteur, par ses « capsules ovoïdes à cinq arêtes arrondies et saillantes, recouvertes de poils bruns et ras. », et mesurant douze centimètres sur sept (1). Et, enfin, le Theobroma bicolor (H. B.), ou « Cacaoyer bicolore », répandu au Brésil et en Colombie, par son fruit ovoïde, aux dix côtes peu saillantes et mesurant seize à vingt-deux centimètres sur onze ou quatorze. À ces espèces Arthur Mangin (Les Plantes Utiles, 1886) adjoint le Theobroma ovalifolia, cacaoyer à feuilles ovales, propre au Mexique et qui « fournit, à ce qu’on croit, le cacao si recherché, appelé cacao royal ou soconuzo ».

Les tentatives d’identification furent nombreuses. L’absence de concordances rendait le classement difficile, voire impossible. Aujourd’hui se dégage un recensement plus clair et plus cohérent. En 1964, le botaniste Josep Cuatrecasas i Arumí (2) dénombra vingt-deux espèces relevant du genre Theobroma, et il divisa le genre en six sections (Andropetalum, Glossopetalum, Oreanthes, Rhytidocarpus, Telmatocarpus et Theobroma [3]), d’après le mode de germination, la forme des branches et la morphologie de la fleur. Ces vingt-deux espèces, pérennes, se rencontrent du nord de l’Amérique du Sud au Mexique, entre les latitudes 18° Nord et 15° Sud. Pour abriter le plus grand nombre d’espèces indigènes, le Brésil et la Colombie constituent les principaux sanctuaires de cette biodiversité. Le Theobroma cacao L. qui nous concerne au premier chef (4), et le Theobroma grandiflorum (voir ci-dessous) sont les seules espèces largement cultivées. Le Theobroma bicolor (voir ci-dessous) est exploité en cultures limitées en Amérique centrale. Les autres espèces sont à l’état sauvage. La plupart concernent des zones géographiques réduites. Outre des performances agronomiques et des qualités technologiques parfois supérieures à celles de variétés cultivées, les cacaoyers spontanés offrent une bonne résistance aux maladies. Ils résistent fort bien aux maladies de la pourriture brune et du balai de sorcière.

(1) À propos de ce cacaoyer, Fusée Aublet nota: « Pour conserver l’amande du Cacao, lorsque le fruit est dans sa parfaite maturité, l’on rassemble auprès d’une cuve la récolte qu’on en a faite ; on coupe par le travers la capsule en deux portions pour en tirer toute la substance, et les amandes qu’elle contient, qu’on verse ensemble dans la cuve. Cette substance sous vingt-quatre heures entre en fermentation, ensuite se liquéfie et devient vineuse. On laisse les amandes dans cette liqueur jusqu’à ce que leur membrane ait bruni et qu’on reconnoisse que leur germe soit mort ; car la bonté du chocolat dépend en partie de la maturité du fruit et du degré de fermentation que l’amande a éprouvée par ce procédé. Les amandes se séparent avec facilité de la substance qui les enveloppait, et sèchent bientôt. La liqueur vineuse est un peu acide et bonne à boire ; mise dans un alambic et distillée, elle donne un esprit ardent, enflammable et d’un bon goût. » (Histoire des plantes de la Guiane françoise …, 1775.) Ce qui montre que la pratique de la fermentation remonte loin, et que cette espèce, probablement différente du Theobroma Cacao, servait à la confection de chocolat.

(2) Ce Catalan, établi aux États-Unis, est l’auteur de Cacao and its allies. A taxonomic revision of the genus Theobroma, Washington, D.C., Smithsonian Institution, 1964.

(3) Cuatrecasas proposa que les plants découverts en Amérique centrale et au Mexique soient classés comme T. cacao subsp. Cacao, leurs formes cultivées représentant le groupe criollo, et que les plants originaires d’Amérique du Sud soient classés comme T. cacao subsp. sphaerocarpum, leurs cultivars constituant le groupe forastero.

(4)

Si l’on considère le classement opéré par le centre de recherches du département de l’agriculture des États-Unis, le Theobroma Cacao L. a pour synonymes : Theobroma cacao f. leiocarpum (Bernoulli) Ducke, Theobroma leiocarpum Bernoulli, Theobroma cacao f. pentagonum (Bernoulli) Cuatrec., Theobroma pentagonum Bernoulli, Theobroma cacao subsp. sphaerocarpum (A. Chev.) Cuatrec., Theobroma sativum (Aubl.) Lign. & Le Bey et Theobroma sphaerocarpum A. Chev. C’est le recensement de ce laboratoire américain que nous adoptons ci-dessous, dans sa quasi-totalité.

  • Theobroma albiflorum (Goudot) De Wild (1902) [ou Herrania albiflora Goudot, 1844] : Venezuela (Apure, Barinas, Merida, Zulia), Colombie (Antioquia, Bolivar, Cundinamarca, Santander).
  • Theobroma angustifolium DC (1824) : cacaoyer sylvestre à feuilles étroites, à fleurs jaune abricot, à fruit irrégulièrement ovoïde et à graines légèrement plus grosses que celles des Theobroma Cacao. Il pousse en Amérique Centrale, au Guatemala principalement. On l’utilise en mélange avec le cacao pour obtenir le chocolat au Mexique et au Costa Rica. Il est connu sous les noms de cacao de mico (Costa Rica) et de cushta (Salvador). Au début du XXe siècle, il était cultivé au Guatemala cous le nom de cacaoyer de Costa-Rica.
  • Theobroma augustum L. (1768, « augusta ») [ou Abroma augustum L. (1781, « Ambroma augusta ») ; ou encore Abroma fastuosum Jacq.] : cacaoyer sauvage en Chine, en Asie tropicale (Inde, Népal, Thaïlande, Malaisie, Indonésie, etc) et dans le Pacifique (Micronésie). Il est cultivé en Afrique tropicale, en Inde et au Vietnam.
  • Theobroma bernoullii Pittier (1914) : Panama (Colon), Colombie (Antioquia, Choco, Narino).

  • Theobroma bicolor Humb. & Bonpl. (1806) [ou Cacao bicolor (Humb. & Bonpl.) Poir. (1811)] : découvert par Alexandre de Humboldt et Aimé Bonpland dans le Ghoco (province de Cauca), ce cacaoyer sylvestre, très vigoureux, probablement originaire d’Amérique centrale, était très commun dans les forêts des vallées de la Colombie et de la région brésilienne du Rio Negro. Il se cultive au sud du Mexique (Veracruz, Chiapas, Tabasco), en méso-Amérique (Belize, Costa Rica, Salavador, Guatemala) et en Amérique du Sud [Brésil (Amazonas, Pará), Bolivie, Équateur, Pérou]. Adolphe de Candolle indique qu’il n’a pas besoin d’autant de chaleur que le Theobroma cacao et qu’il peut vivre jusqu’à 950 m d’altitude dans la vallée de la Magdalena. « Son fruit est à écorce ligneuse, ses feuilles sont cordiformes. Les fèves blanches donnent un produit, dont la valeur commerciale est nulle, mais elles sont très appréciées dans les pays d’Amérique. / Le T. bicolor atteint jusqu’à 12 mètres de hauteur et, d’après le Dr Preuss, il est employé comme plante d’ombrage, pour le T. cacao, au Nicaragua. / Les graines sont très pauvres en théobromine. » (Fauchère, L’Agriculture pratique des pays chauds, 1905).

Il est connu sous divers noms : pataxte ou patashte (Mexique maya), cacado du Pará, cacao du himare (Venezuela), Pará (Brésil), macambo (Pérou), cacao de monte (Guatemala), balam-té ou balam (5) (Alta Verapaz, Guatemala). En Équateur, où il était encore sauvage au tournant du XXe siècle, il était nommé cacao blanco, ou bacao (province d’Esmeraldas). En Colombie, il est baptisé bacao, et, dans la province de Veragua, où John Hinchley Hart le découvrit à l’état spontané en 1885, « tiger-cacao, sans doute à cause de l’odeur rance des graines, Indian chocolate, parce que seuls les Indiens paraissent en faire usage dans cette région, où on ne l’utilise généralement pas, et wariba, terme qui dérive probablement de wari, nom indigène d’un pécari connu (comme toutes les espèces du genre) pour son odeur fétide. » (Henry Jumelle, 1900.)

Ses graines, douces, sont très recherchées des populations locales. Les Mexicains en consomment la pulpe, alors que les graines sont broyées pour confectionner une sorte de chocolat. Ses découvreurs, Humboldt et Bonpland, en faisaient déjà état au début du XIXe siècle : « Le Theobroma bicolor se trouve aujourd’hui cultivé à Carthago, petite ville située au pied des Andes de Quindin, dans la belle et fertile vallée du Cauca1. Les habitants connaissent cette plante sous le nom de hacao et en mêlent les graines, dans la proportion d une à trois, avec celles du Theobroma Cacao, pour en faire du chocolat. Le chocolat fait avec les graines seules du Theobroma bicolor n’est pas agréable ; il faut nécessairement y associer celles du cacao ordinaire. » (Cités par Henry Jumelle.) Au Brésil, sa culture le long de la rivière Negro et surtout dans les villages de la région occidentale du Solimões, est destinée à la production de pulpe pour la transformation en jus, car le cupuassu (voir ci-dessous) ne se rencontre pas dans cette région. Au Pérou, à Iquitos et alentour, il est l’un des fruits les plus répandus dans les jardins.

(5) Dans plusieurs langues mayas, balam-té signifie « arbre du jaguar ». À la fois redouté et vénéré, cet animal est très présent dans la mythologie mésoaméricaine. Il y symbolise le monde surnaturel. Le dieu-jaguar aztèque (Tepeyolohtli, « cœur de la montagne ») habitait les entrailles de la terre et est lié à l’univers des cavernes. L’association du jaguar avec le cacao tient sans doute au fait qu’il rodait dans la forêt humide et y guettait silencieusement ses proies, parmi lesquels les singes, amateurs de pulpe de cacao. Cacao et jaguar co-figurent dans des bas-reliefs et sur des céramiques.

Theobroma bicolor

Il est intéressant de noter qu’on trouve trace de cette espèce au Mexique, à l’époque de la Conquête, sous le nom de cuauhpatatchtli ; ses fèves étaient alors, semble-t-il, consommées par les Indiens les plus pauvres. Par ailleurs, il est mentionné dans le Popol-Vuh sous la dénomination de pataxte. Les Mayas-Quichés l’appelaient pec.


  • Theobroma canumanense Pires & Froes ex Cuatrec. (1964) : Brésil (Amapa, Rondonia).
  • Theobroma chocoense Cuatrec. (1964) : Colombie (Choco).
  • Theobroma cirmolinae Cuatrec. (1964) : Colombie (région du Pacifique Antioquia, Valle).
  • Theobroma gileri Cuatrec. (1953) : Équateur (Carchi, Esmeraldas, Pichincha), Colombie (région du Pacifique, Antioquia). Il est nommé yani au Venezuela.
  • Theobroma glaucum H. Karst. (1856) : Amazonie brésilienne, Équateur, Pérou (Loreto), Colombie (Caqueta, Putumayo, Vaupes). Il est nommé cacao challua. On trouve aussi les dénominations cacahuillo et sacha cacao au Pérou. D’après Karsten, qui le découvrit sur les bords du Méta, ses graines étaient employées avec celles du Theobroma cacao.

  • Theobroma grandiflorum (Willd. ex Spreng.) K. Schum. [1886] (vulgo cupuaçú en port. aussi cupuassú, cupuazú, copoasú) : ce cacaoyer, spontané au Brésil (Acre, Amazonas, Pará), a vu sa culture se développer au cours des deux dernières décennies du XIXe siècle. Il est cultivé en Amazonie brésilienne et péruvienne, ainsi que dans des zones hors Amazonie, comme l’état de Bahia. Il a aussi été cultivé, de façon expérimentale, en Colombie (Caquta), au Costa Rica, en Équateur, au Pérou, au Venezuela, au Mexique, à Trinidad et Tobago, au Guyana, en Bolivie, en Guyane française et en République dominicaine. Il peut atteindre 20 mètres de hauteur. Son fruit, ovale, d’un poids pouvant atteindre 1,5 kg, mûrit pendant la saison des pluies (janvier-avril). Il constitue une source traditionnelle d’alimentation pour les communautés amazoniennes, qui, autrefois, utilisaient aussi son jus et ses graines dans un but thérapeutique. Son beurre, blanc à beige, d’aspect cireux, obtenu par pressage à froid, sans filtration ni désodorisation, est parfois utilisé pour faire du « chocolat » blanc ; il entre surtout dans la fabrication de cosmétiques. Sa pulpe, crémeuse, sert, au Brésil et au Pérou, à la préparation de boissons (jus de fruits, « vinho de cupuaçu »), de desserts, de crèmes glacées, de gelées, de confitures et de confiseries. Enfin, ses fèves (quelque 20 % du poids du fruit) sont utilisées dans certaines vallées du Brésil (vallées Solimões, Madeira, Tocantins d’Amazonie) pour la confection d’une sorte de chocolat, appelé cupulate.

Le marché pour les produits issus du cupuaçu fut longtemps limité aux frontières de l’Amazonie. De nombreuses petites entreprises se sont peu à peu créé. Bien que producteur de cacao, le Brésil a vu là une culture intéressante : l’expansion de la culture n’a pas affecté l’environnement (déforestation, par ex.), car elle s’est implantée dans des zones antérieurement occupées par d’autres espèces qui, pour diverses raisons (phytosanitaires, débouchés insuffisants, etc.), ont cédé place au cupuaçu ; ces plantations se trouvent dans des zones pour la plupart faciles d’accès, ce qui rend le coût de prodution moindre par rapport à celui de la récolte sylvestre ; enfin, la fabrication du cupulate ne nécessite pas une technologie aussi sophistiquée que celle du chocolat. Dans les années 2000, on évaluait les plantations amazoniennes à au moins 16 000 hectares, sans prendre en compte les zones où l’arbre se rencontre à l’état sauvage. À eux seuls les États de Pará et de Rondônia comptaient plus de 6 000 hectares. Cet essor, grâce auquel les régions concernées ont tiré un profit économique notable, a permis de conquérir de nouveaux marchés. Pratiquement inconnu sur le marché mondial, le cupuaçu s’est, toutefois, déjà fait des adeptes au Japon où son chocolat fut commercialisé dès le tournant du XXIe siècle. On trouve aux États-unis des glaces et des jus à base de ce fruit, et au Royaume-Uni, des crèmes pour la peau. En 2004, des scientifiques de l’université de Sao Paulo (Brésil) déposèrent un procédé pour fabriquer du chocolat à base de cupuaçú et obtinrent six produits — trois types de chocolats et trois chocolats en poudre pour boisson. Ces recherches visaient à donner plus de consistance au cupulate, connu de longue date, mais qui avait pour inconvénient de fondre trop facilement et de ne pas supporter la chaleur (6). La recette est la même que pour le chocolat. Goût et arôme s’apparentent à ceux du chocolat.

(6) À la fin du XXe siècle, la compagnie de recherches agricoles brésilienne Embrapa (Empresa Brasileira de Pesquisa Agropecuária) découvrit un procédé pour fabriquer du « chocolat » à partir du cupuaçu, mais ce procédé ne fut pas commercialisé. Selon l’Embrapa, le chocolat obtenu à partir du cupuaçu ne comporte pas de caféine et contient 33,44 % de protéines en plus que le vrai chocolat. Source : Agência Estado, 13 avril 2004, dans Amazon News, 15 avril 2004.

(7) Organisation non gouvernementale brésilienne créée en 2001 à Rio Branco (Acre).

Par ailleurs, ce fruit fit l’objet d’un « biopiratage » de la part de l’entreprise japonaise Asahi Foods Co, Ltd, de Kyoto, qui prit, en 2001 et 2002, plusieurs brevets concernant à la fois l’extraction d’huile à partir de la graine de cupuaçu et la fabrication de chocolat de cupuaçu. En outre, cette compagnie enregistra le nom cupuaçu comme marque déposée pour différents produits (y compris le chocolat), au Japon, dans l’Union européenne et aux États-Unis. Aux fins de défendre le patrimoine culturel des peuples indigènes, des organisations amazoniennes, comme Amazonlink (7), s’élevèrent contre ces dépôts. Mais peut-on véritablement déposer le nom d’un fruit ? Des brevets de ce type furent déjà cassés par la justice, car la Convention sur la diversité biologique affirme la souveraineté des États sur leur patrimoine naturel.


  • Theobroma guazuma L. (1753) [ou Guazuma ulmifolia Lam., 1789] : cacaoyer qui pousse dans de nombreux pays, d’Amérique centrale (Mexique méridional), d’Amérique du Sud (Caraïbes, Guyane, Guyana, Surinam, Venezuela, Brésil, Bolivie, Équateur, Colombie, Pérou, Paraguay) et d’Amérique Centrale (Belize, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Panama). Il est aussi cultivé. Il est aussi appelé, en langue vulgaire, caulote, guácimo (Pérou), guásima (Cuba), parandesiqua, etc.
  • Theobroma hylaeum Cuatrec. (1944) : Panama (Colon), Colombie (Antioquia).
  • Theobroma cacao f. lacandonense Cuatrec. : Mexique. Son territoire se limiterait à la forêt Lacandon au nord-est du Chiapas.
  • Theobroma cacao L. forma leiocarpum Bernoulli (1869), Ducke (1940) : Mexique, Guatemala (où il est appelé cumacao). D’après Cuatrecasas (1964), il serait représenté par le cultivar criollo « porcelaine » de Java.
  • Theobroma mammosum Cuatrec. & Léon (1949) : Costa Rica.
  • Theobroma mariæ (Mart.) K. Schum. (1886) [ou Herrania mariæ (Mart.) Decne. ex Goudot, 1844 ; ou encore Abroma mariae Mart., 1841] : Brésil (Acre, Amazonas, Pará), Colombie (Amazonas), Équateur (Napo, Pastaza), Pérou (Loreto, Madre de Dios). Ses graines sont parfois associées à celles du Theobroma cacao L.
  • Theobroma martiana D. Dietr. (1847) [ou Theobroma sylvestre Mart., 1830 : ou encore Theobroma spruceanum Bernoulli, 1869] : Guyane Française, Colombie, Brésil (Acre, Amapa, Amazonas, Mato Grosso do Sul, Rio de Janeiro). Il est aussi connu sous les noms de cacauì, cacao azul, cacauì da meta (Brésil). Les Brésiliens le cultivent localement.
  • Theobroma microcarpum Mart. (1830) : ce cacao à petit fruit est spécifique du Brésil (Acre, Amazonas, Mato Grosso do Sul). Il est nommé cacaurena, cabeca de uruba, cacaujacare (Brésil).
  • Theobroma nemorale Cuatrec. (1952) : c’est un cacao de montagne propre à la Colombie (région du Pacifique, Cauca, Choco). Il est nommé cacao montero (Venezuela).
  • Theobroma obovatum Klotzsch ex Bernoulli (1869) : Brésil (Acre, Amazonas, Pará, Rondonia), Colombie (Amazonas, Putumayo), Pérou (Loreto). Il est appelé cabeça-de-urubú au Brésil.
  • Theobroma cacao pentagonum Bernoulli (1869, « pentagona») : d’après le bulletin L’Agriculture pratique des pays chauds (1905), c’est, comme le theobroma bicolor, une des espèces « qui fournissent des fruits comestibles et qui sont cultivées ». La même étude indique que ces espèces « semblent avoir une aire de croissance spontanée plus étendue. Elles se rencontrent dans les forêts de la Colombie et de l’Amérique Centrale ». Le Theobroma pentagonum, dont le produit est de bonne qualité, était cultivé en Amérique centrale sous le nom de Lagarto[1]. « Cette espèce ne diffère guère du Theobroma cacao que par la forme de ses fruits. Ceux-ci, au lieu d’avoir des sillons, présentent 5 arêtes très marquées, entre lesquelles se trouvent de très grosses verrues de forme très caractéristique. […] Les graines sont grosses et l’embryon est de couleur blanc pur. » D’après Henri Jumelle, « Il fournit une sorte très fine ; et M. Hart, qui, comme M. K. Schumann, ne le considère que comme une variété du Theobroma Cacao, l’a introduit, en 1893, à la Trinidad ».
  • Theobroma purpureum Pittier (1914) [ou Herrania purpurea (Pittier) R. E. Schult, 1944] : Amérique centrale (Costa Rica, Nicaragua, Panama), Colombie (Antioquia)
  • Theobroma sativum (Aubl.) Lign. & Le Bey (1904, « sativa ») : Amérique cenrrale (Costa Rica, Nicaragua, Panama), Colombie, Équateur.
  • Theobroma simiarum Donn. Sm. (1898) : Costa Rica, Nicaragua, Panama, Colombie, Équateur. Il est appelé cacao de mico au Costa Rica. Naguère, les Colombiens l’employaient comme fébrifuge. Ils l’apprécient pour sa teneur en beurre.
  • Theobroma sinuosum Pav. ex Huber (1906) : Pérou (Loreto).
  • Theobroma speciosum Willd. ex Spreng. (1826) : Brésil (Acre, Amapa, Mato Grosso, Para, Rondonia), Bolivie (Beni), Équateur (Napo, Pastaza), Pérou (Loreto, Ucayali). Il est appelé cacaul au Brésil. Aujourd’hui, en Amazonie, les Indiens Arawete et Asurini le cultivent. Ils en tirent un chocolat de basse qualité et, généralement, en consomment la pulpe.
  • Theobroma sphaerocarpum A. Chev. (1908, « sphaerocarpa ») : cacaoyer ouest africain.
  • Theobroma stipulatum Cuatrec. (1950) : Colombie (région du Pacifique, Antioquia, Choco, Narino). Il est aussi nommé cacao de monte, chocolate de monte.
  • Theobroma subincanum Mart. (1830) : Venezuela (Amazonas, Bolivar), Brésil (Acre, Amazonas, Rondonia), Guyane Française, Colombie (Amazonas, Caqueta, Meta, Putumayo, Vaupes), Pérou (Huanuco, Loreto). Il est aussi nommé cuoui (Brésil), sacha cacao (Pérou), maver (Venezuela). C’est l’espèce la plus répandue derrière le cacao qui nous donne le chocolat.
  • Theobroma velutinum Benoist (1921) : Guyana, Surinam, Brésil (Acre, Amazonas, Maranhao, Mato Grosso).

(8) « Alligator », en raison de son écorce rugueuse évoquant la peau de l’alligator. À ne pas confondre avec le cacao alligator autrefois produit au Surinam et qui était, en fait, du Theobroma cacao.

Les faux cacaoyers

 

Peut-on ajouter, sans apporter de confusion supplémentaire à ce qui est déjà susceptible de paraître complexe, même en évitant d’entrer dans les détails et en passant sous silence les incessants désaccords entre botanistes, que Henry Jumelle complète son étude botanique en évoquant les « faux-cacaoyers » ? Ce sont, précise-t-il, « tous ces arbres, autres que les Theobroma, dont les graines sont quelquefois employées, dans les pays d’origine, comme des succédanés du cacao. » Et il passe en revue les espèces du genre Herrania, si proches de celles du genre Theobroma que K. Schumann en a fait une section de ce dernier genre. Au sein de ce genre Herrania, créé par Goudot et dédié au général Herran, qui fut président de la République de la Nouvelle-Grenade, il est intéressant de noter ce que dit Goudot, lui-même, de l’Herrania albiflora Goud. (appelé cacao montaras ou simarron en Colombie) : « Cette espèce croît dans les grandes forêts humides et chaudes qui environnent la ville de Mazo, célèbre par ses mines d’émeraudes. Je l’ai rencontrée en juin, couverte d’une telle abondance de fleurs et de fruits que les tiges paraissaient, dans quelques cas, presque entièrement cachées. On mélange les graines de cette plante avec celles du cacaotier cultivé ; et quelques personnes m’ont assuré qu’elles en rendaient le produit plus savoureux ; on en fabrique aussi, sans autre mélange, un chocolat dont les habitants font usage comme anti-fébrifuge. Cette substance, m’a-t-on dit, est d’une amertume très prononcée et contient plus de matière butyreuse que le chocolat préparé avec les graines du cacaotier ordinaire. » (Cité par Henry Jumelle.) Plus près de nous, Allen M. Young (The Chocolate Tree…) indique que les graines de l’Herrania purpurea, indigène au Costa Rica et au nord de l’Amérique du Sud, servent aux Indiens Bri Bri, du Costa Rica, pour confectionner une boisson plutôt amère et que la pulpe de saveur douce est couramment consommée.

À ces faux cacaoyers se rattache aussi, d’après Jumelle, le Pachira aquatica. Mentionné dans les Annales de l’Institut Colonial de Marseille (1896), le « cacao sauvage » (appellation vulgaire) de la famille des Bombacées, propre à la Guyane française et qui est parfois nommé Pachira grandiflora est ainsi décrit : « Grand bel arbre, à branches cassantes. Feuilles larges, glabres, palmées, composées de 5-7 folioles obovales-oblongues, presque sessiles, glauques en dessous. Fleurs axillaires, à corolle longue de 25-30 cm, à 5 pétales d’un rouge de feu, duvetés, en forme de lanières […]. Fruit capsulaire, de la forme et de la grosseur de celui du cacao, sauf les sillons, noir, duveté, à 5 loges multiovulées, s’ouvrant par déhiscence loculicide : semences ovoïdes, anguleuses, brunes en dehors, blanches en dedans : elles se mangent crues ou cuites sous le nom de châtaignes. — Fl. en février et mars : fruits mûrs en juillet-août. » Ce même ouvrage en indique la présence dans la région inférieure et moyenne (Bagatelle, Basse-Terre, Camp-Jacob, etc.) et observe que, introduit en Martinique à partir de Cayenne et cultivé au Jardin botanique, il s’est ensuite répandu dans l’île — son nom vulgaire y est « châtaignier ». Les graines se consommaient naguère crues ou cuites, telles des châtaignes.