La protection du cacaoyer

 

 

Le cacaoyer se défend moins bien que d’autres arbres contre les ennemis végétaux et contre les maladies. Du temps s’écoula avant que les scientifiques ne découvrent l’origine des dévastations provoquées, ici et là. Pour preuve, en 1673, un article (1) du respectable bulletin de la Royal Society de Londres indique combien furent désemparés les planteurs des Caraïbes devant la considérable chute des récoltes enregistrée à cette époque, la raison leur en étant totalement méconnue. Or, nous savons aujourd’hui quels sont les dangers et qu’ils diffèrent selon les régions du monde. Au Brésil, c’est le balai de sorcière. En Amérique Centrale, la moniliose. En Afrique, la pourriture brune des cabosses, dont l’agent est un Phytophthora. En Asie, le VSD. C’est la raison pour laquelle les recherches portent sur la mise au point de variétés de cacaoyers résistant à ces différentes atteintes, dont les ravages sont redoutables. Selon les spécialistes (H. A. M. Van der Vossen [2], 1996), cinq maladies majeures détruisent, chaque année, 40 % de la récolte dans douze des plus importants pays producteurs de cacao.

(1) An Accurate Description of the Cacao-Tree, and the way of It’s Curing and Husbandry, & c. ; given by an Intelligent person now residing in Jamaica, dans Philosophical Transactions, n° 93, 21 avril 1673.

(2) Strategies of Variety Improvement in Cocoa with Emphasy on Durable Resistance. Dans Proceedings of International Workshop on the contribution of disease resistance to cocoa variety improvement, Brésil, Salvador, Bahia.

Un entretien constant de la plantation et le maintien d’une culture « propre » constituent une priorité dans la lutte contre les atteintes du cacaoyer. L’élimination des cabosses après la récolte et la destruction systématique des cabosses infestées, voire la destruction des branches ou même arbustes contaminés, atténuent de façon notable la progression d’une maladie et aident à réduire les populations de ravageurs qui s’attaquent aux cabosses. L’impact de certains ravageurs peut être amoindri par une bonne gestion de l’ombrage. De même, la conservation de l’ombrage peut freiner, voire entraver, la croissance d’adventices et de certaines plantes parasites qui s’attaquent au cacaoyer. C’est le cas du gui (famille des Loranthaceae), qui prolifère dans les zones très ensoleillées où l’humidité ambiante est faible et dont la présence s’avère particulièrement problématique en Afrique occidentale, dans les jeunes plantations établies après défrichement de la forêt primaire. Un émondage manuel régulier est le seul moyen de l’éradiquer ; il doit être effectué dès que le gui est repéré, afin d’éviter toute pollinisation.

Par ailleurs, les moyens techniques mis en œuvre contre les maladies du cacaoyer sont de deux sortes. La lutte biologique consiste, selon la définition proposée par l’OILB (Organisation Internationale de Lutte Biologique ou Intégrée), en « l’utilisation d’organismes vivants pour prévenir ou réduire les dégâts causés par des ravageurs ». Elle a recours soit à des animaux prédateurs ou parasites des ravageurs, soit à des micro-organismes pathogènes. Par exemple, certains champignons contribuent à protéger l’arbre en s’attaquant à l’élément pathogène ou en le rendant résistant. Dans le cas du foreur de cabosses, des variétés de champignons se sont révélées aptes à détruire les larves et les nymphes. Pour la moliniose, l’application des champignons ou de bactéries antagonistes s’est révélée efficace dans la réduction de l’incidence de la maladie. Mais beaucoup de ces découvertes demeurent à l’étude et ne sont pas encore disponibles à la vente. En revanche, une formule commerciale de Trichoderma stromaticum, mise au point, au Brésil, par le CEPLAC (Comissão Executiva do Plano da Lavoura Cacaueira), est commercialisée pour la lutte contre le balai de sorcière. Et, de son côté, la Malaisie a obtenu des succès remarquables en utilisant la fourmi noire.

D’autre part, le Code international de conduite pour la distribution et l’utilisation des pesticides, adopté en 1985 par la Conférence de la F.A.O. (23ème session), amendé en 1989 (25ème session) et révisé en 1999 après l’adoption (1998) de la Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font l’objet d’un commerce international, constitue la norme de gestion des pesticides acceptée sur le plan mondial. Il préconise l’« utilisation rationnelle des pesticides » (URP), qui a pour double objet de réduire les dommages occasionnés à la santé humaine et à l’environnement, et de réduire le coût d’utilisation des pesticides. Cette conception moderne de la gestion des pesticides consiste à mieux choisir le moment du traitement, à mieux sélectionner les cibles, à employer des produits spécifiques au plan biologique, etc. L’emploi des pesticides est, en effet, à l’heure actuelle, une préoccupation majeure des pays producteurs, et ce d’autant plus que la législation de l’Union Européenne, sur les résidus de pesticides est entrée en vigueur le 1er septembre 2008 — voir fève.