Panama

 

 

 

Cet état d’Amérique Centrale, enserré entre océan Pacifique et mer des Antilles, entre Costa Rica et Colombie, connaît le cacao de longue date, mais sa culture ne visa longtemps qu’à la consommation locale. À la fin du XIXe siècle, le cacao faisait l’objet d’une culture importante dans la région de Bocas del Toro, sur la côte caraïbéenne. Toutefois, les plantations disparurent peu à peu au cours du XXe siècle, en grande partie décimées par les maladies (moniliose, balai de sorcière). La banane prit le pas sur le cacao. Il fallut attendre les années 1950 pour voir renaître la cacaoculture, avec l’introduction de trinitarios. Le forastero reste minoritaire. Fondée en 1952 par vingt planteurs, la COCABO R.L. (Cooperativa de servicios múltiples de cacao bocatoreña) fut la première coopérative agricole du Panamá. Elle réunit plus de 1 500 producteurs paysans, dont la plupart se consacrent au cacao organique. Sa mission consiste à promouvoir le développement social, culturel et économique de ses membres, via la diversification d’activités agricoles, commerciales et éducatives.

Aujourd’hui, la production cacaoyère panaméenne est surtout assurée par les communautés amérindiennes. Ce sont des petits planteurs, qui possèdent de 1 à 4 hectares. Dans la province de Bocas del Toro (1), région la plus productive du pays, le criollo survit surtout dans les vieilles plantations, abandonnées, sous le couvert de la forêt secondaire qui les a envahies. Entièrement organique, il est qualifié de « tribal ». Les indiens Ngäbé-Buglé habitent la zone allant du montagneux Parque Natural de La Amistad à la réserve marine de Bastimento, sur le littoral des Caraïbes, et, de ce fait, leur territoire abrite 85 % du cacao de la province. Ils travaillent les graines de façon traditionnelle. Une fois fermentées, séchées et torréfiées au feu de bois, les fèves sont concassées, puis roulées en sphères, à la main. Ces sphères de cacao brut sont produites par un collectif de femmes amérindiennes et commercialisées par l’association panaméenne Citizens of Chocolate, qui le soutient. œuvre pour la sauvegarde de la terre ancestrale, notamment au travers du développement durable et de bonnes pratiques culturales et environnementales.

De même, l’usage du cacao reste important chez les indiens kunas, qui vivent en autarcie dans une zone reculée du panamá, mais qui, à la différence des Ngäbé-Buglé, ont intégré le tourisme dans leur économie de subsistance. d’après des articles scientifiques, leur basse tension artérielle tiendrait à la forte consommation qu’ils en font encore. une expédition fut menée au tournant des années 2010 par eddy van belle (musée Choco-Story), pour découvrir le mode de vie de cette tribu, originaire, semble-t-il, de colombie d’où elle aurait été chassée par les espagnols et dans laquelle certains voient les descendants des mayas. le chocolatier observa (2) que le cacao, ici criollo, participe au quotidien comme aux diverses célébrations. il intervient lors du rite — des chants pour renforcer l’action du cacao — que pratique le médecin-sorcier (nele) du village pour « guérir » un malade, ce cacao « renforcé » étant ensuite brûlé pour envelopper le malade de sa fumée. cette fumée est aussi réputée protéger des serpents, scorpions, etc. tandis que le beurre de cacao, additionné d’une plante, le mageb, prévient les piqûres. un mélange de beurre de cacao et de rocou sert de maquillage à ces indiens kunas. et, bien évidemment, au cœur de leur alimentation, essentiellement végétarienne : le madun, boisson constituée de cacao et de banane.

(1)  L’un des trois territoires autonomes amérindiens du Panama (Comarcas).

(2) Chocolat et Confiserie Magazine, n° 445, juillet-août 2011.

La production du panamá s’est élevée à : 1 300 t (1960-1961), 700 t (1964-1965), 530 t (1970-1971), 810 t (1974-1975), 1 751 t (1980-1981), 1 406 t (1984-1985), 636 t (1990-1991), 850 t (1994-1995), 541 t (2000-2001), 466 t (2004-2005), 711 t (2010-2011).