Ghana
Ce pays d’Afrique de l’Ouest, ouvert sur le Golfe de Guinée, et naguère connu sous le nom de Gold Coast (« Côte de l’Or »),
est le deuxième producteur mondial de fèves de cacao.
Selon les uns, dans les années 1870, des missionnaires protestants anglais auraient distribué les premiers plants de cacaoyer aux paysans Ashantis. Selon d’autres, c’est un Africain venu de Fernando Poo (Guinée-équatoriale) qui aurait introduit le cacaoyer en 1879. Selon d’autres encore, vers 1880, un natif de la Gold Coast obtint quelques fèves probablement en provenance de Fernando Poo. Où que soit la vérité, la nouvelle culture se concentra d’abord dans l’arrière-pays d’Accra (auj. Eastern Region). Dès les années 1890, du cacao put être exporté vers la Grande-Bretagne, dont le pays était alors une colonie ; en 1891, un premier sac de cacao, de 80 livres, fut exporté, indique Arthur William Knapp. Les plantations prirent spontanément un essor considérable ; dans les années 1890, le cacao avait déjà gagné Kumasi, dans le pays Ashanti — cette région de Kumasi est particulièrement favorable au cacaoyer grâce à ses températures élevées et constantes, à ses précipitations et à son couvert forestier. Les exportations annuelles passèrent de 12 tonnes dans les années 1892-1896 à 536 tonnes vers 1900. la production se hissa d’environ 1 000 tonnes en 1900 à 40 000 tonnes en 1911. et la Gold Coast devint le premier producteur mondial. Accra et Takoradi s’imposèrent comme les deux grands ports d’embarquement du cacao. En 1915, les exportations de la Gold Coast furent de 120 millions de livres. cette progression spectaculaire devait se poursuivre. Avec 150 000 tonnes en 1918, le pays couvrait un tiers de la production mondiale. La culture se propagea peu à peu vers le nord-ouest, dans la région du brong-Ahafo. Au début des années 1930, suite à cette expansion, l’Eastern Region ne couvrait plus que 42 % de la production globale — celle-ci atteignit 280 000 tonnes en 1934. Mais ce berceau du cacao ghanéen devait subir, en 1936, les ravages du swollen shoot — la production n’en fut pas pour autant affectée (1) —, et pour y faire face fut créée la station cacaoyère de Tafo, appelée à devenir en 1944 le West African Cocoa Research Institute (WACRI) (2). Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’économie cacaoyère fut préservée grâce au cocoa control scheme, qui garantit l’achat de la production. L’après-guerre vit se renforcer les mesures en faveur des planteurs et des exportateurs ; créé en 1947, le Cocoa Marketing Board fut chargé, à travers diverses structures, d’aider, de contrôler et de protéger la filière cacao. Toujours victime du swollen shoot, l’Eastern Region perdit encore de son importance, ne produisant plus qu’un peu plus de 25 % de la production globale.
(1) 305 000 tonnes en 1936.
(2) Cet organisme avait une antenne au Nigeria. Lorsque ces pays accédèrent à l’indépendance, il céda place au Cocoa Research Institute of Ghana (CRIG) et au Cocoa Research Institute of Nigeria (CRIN).
(3) C’est la Côte-d’Ivoire voisine, dont l’économie cacaoyère était en pleine expansion, qui les récupéra.
Après l’indépendance (1957), qui entraîna la nationalisation de la filière cacao (coopératives, etc), des mesures drastiques furent prises pour lutter contre les mirides, insectes ravageurs qui avaient fait leur apparition, et contre le swollen shoot. En dépit de l’effondrement des cours mondiaux, dans les années 1960, le cacao ghanéen continua de dominer le marché, sa production atteignit 538 000 tonnes en 1964, et 60 % des exportations totales du pays étaient constitués par le cacao. Toutefois, dans un pays en proie à de graves difficultés politiques, et bien qu’une certaine libéralisation de la filière cacao se fit jour, sous le contrôle du Cocoa Marketing Board, la promulgation, en 1969, d’une loi sur l’immigration porta un coup sévère à la gestion et à l’entretien des plantations, dans la mesure où exploitants et main-d’œuvre d’origine étrangère — soit plus de 50 % — durent quitter le Ghana (3). La cacaoculture se trouva ainsi affaiblie, et les tentatives de relance de la production ne parvinrent pas à enrayer sa régression. Mauvais entretien des plantations, concurrence des cultures vivrières, maladies, prix non incitatifs… Si, jusqu’en 1976, le pays demeura le premier producteur de fèves — en 1973, le cacao constituait plus de la moitié de ses exportations totales —, la lente chute de la production devait entraîner le recul du pays, bientôt supplanté par la Côte-d’Ivoire. Le Ghana prit alors le deuxième rang, avec environ 15 % des exportations de fèves. Une place qu’il a conservée jusqu’à ce jour, et ce bien que des réformes aient été prises en faveur de l’économie cacaoyère. Passée au-dessous de la barre des 200 000 tonnes en 1982, celle-ci connut ensuite des fluctuations, avant d’atteindre des records au cours des années 2000. Ce qui s’explique par des conditions climatiques particulièrement favorables, l’arrivée sur le marché de la production de nouvelles plantations, un meilleur entretien des exploitations, un apport accru d’engrais et les encouragements dispensés aux planteurs. A la fin des années 2000, le rendement à l’hectare oscillait entre 700 et 750 kilogrammes à l’hectare. Depuis la fin des années 2000, les broyages ont fortement augmenté.
Au début du XXIe siècle, le groupe Cadbury a instauré au Ghana, avec l’appui des organisations non gouvernementales Care et World Vision, un programme baptisé Cadbury Cocoa Partnership et visant à « garantir le développement économique, social et écologique des exploitations ghanéennes ». Les principaux objectifs de ce projet concernent : l’augmentation des revenus des familles de producteurs à travers l’augmentation de la productivité par hectare ; le micro-crédit ; la polyculture de subsistance ; l’éducation communautaire ; et la construction de réservoirs d’eau potable.
Le cacao du Ghana
Il dégage des notes de pain grillé. Son goût est intense et robuste.
Aluminium advertising check or token dated 1924
Du temps de la Gold Coast
1959
1968
1998
2007
Ghana : production de cacao
1890-91 (80 lbs)
1893-94 9,224 tonnes
1894-95 13,124 tonnes
1895-96 39,432 tonnes
1896-97 71,129 tonnes
1897-98 188,047 tonnes
1898-99 324,578 tonnes
1899-1900 545,160 tonnes
1900-01 996,789 tonnes
en milliers de tonnes
1901-02 2,436
1902-03 2,297
1903-04 5,000
1904-05 5,000
1905-06 8,970
1906-07 9,000
1907-08 13,000
1908-09 19,946
1909-10 23,000
1910-11 30,790
1911-12 41,000
1912-13 48,000
1913-14 57,000
1914-15 67,000
1915-16 72,200
1916-17 91,000
1917-18 66,340
1918-19 150,000
1919-20 147,000
1920-21 118,000
1921-22 165,000
1922-23 198,000
1923-24 204,000
1924-25 213,000
1925-26 210,000
1926-27 242,000
1927-28 210,000
1928-29 246,000
1929-30 236,000
1930-31 227,000
1931-32 215,000
1932-33 260,000
1933-34 224,000
1934-35 280,000
1935-36 290,000
1936-37 305,000
1937-38 244,000
1938-39 303,000
1939-40 246,000
1940-41 241,000
1941-42 255,000
1942-43 210,000
1943-44 199,000
1944-45 233,000
1945-46 212,000
1946-47 195,000
1947-48 211,000
1948-49 282,000
1949-50 252,000
1950-51 266,000
1951-52 214,000
1952-53 251,000
1953-54 214,000
1954-55 224,000
1955-56 241,000
1956-57 268,000
1957-58 210,000
1958-59 259,000
1959-60 322,000
1960-61 415,200
1961-62 428,100
1962-63 427,800
1963-64 580,500
1964-65 415,800
1965-66 381,100
1966-67 423,500
1967-68 327,000
1968-69 414,300
1969-70 406,000
1970-71 470,000
1971-72 415,700
1972-73 343,000
1973-74 385,100
1974-75 397,300
1975-76 326,700
1976-77 277,400
1977-78 268,200
1978-79 280,800
1979-80 277,200
1980-81 246,500
1981-82 202,500
1982-83 168,100
1983-84 166,700
1984-85 194,400
1985-86 226,400
1986-87 188,170
1987-88 246,700
1988-89 295,052
1989-90 293,355
1990-91 241,796
1991-92 312,122
1992-93 254,652
1993-94 288,075
1994-95 403,900
1995-96 403,000
1996-97 322,490
1997-98 409,360
1998-99 434,200
1999-2000 436,600
2000-01 389,591
2001-02 340,562
2002-03 497,000
2003-04 737,000
2004-05 740,000
2005-06 734,000
2006-07 614,500
2007-08 680,781
2008-09 710,638
2009-10 632,037
2010-11 700,020
2011-12 ???
2012-13 ???
[Source : FAO (1960-2011).]
1981
1985
1988
1992