Honduras
Ce pays d’Amérique Centrale, bordé au nord par la mer des Caraïbes, aurait connu le « chocolat » dès le XIIe siècle avant notre ère, dans la vallée du rio Ulúa. Le cacao est donc un élément important de la culture hondurienne.
Avant l’arrivée des Espagnols, la culture cacaoyère était pratiquée dans le Valle de Sula et dans le Bajó Aguán, au nord du Honduras. Il fallut toutefois attendre 1877 pour qu’une impulsion lui fût donnée, quand un décret exempta du service militaire et de certaines charges les agriculteurs cultivant au moins 5,6 hectares de cacao. Au début des années 1880, le cacao était exploité commercialement dans le nord du pays. Au tournant du XXe siècle, le cacao le plus estimé était celui de Gualan, près d’Omoa. En 1901, Henry Jalhay mentionnait la culture du cacao dans la région de Santa Bárbara et indiquait que la consommation de cacao était forte dans le pays. Toutefois, il observait : « Il existe, dans la République, mais en petit nombre, des plantations d’indigo, de cacao, de fruits citriques, de froment, de riz, de caoutchouc et de légumes de toutes espèces. […] La culture du cacao, sur une grande échelle, pourrait être entreprise avec chance de succès sur la côte nord, où il existe de vastes régions propres à cette culture et où grandit le cacaoyer sylvestre. » (1) Pourtant, la cacaoculture ne cessa de décliner et connut une longue stagnation au plus bas de son état. Il est vrai que peu de programmes d’aide à cette activité furent développés au Honduras.
(1) La république de Honduras : notice historique, géographique et statistique, 2ème édition, Bruxelles, Impr. Veuve de Backer, 1901.
(2) De ce chiffre, seuls 670 ont la capacité de cultiver le cacao organique que demande l’entreprise suisse Chocolats Halba.
(3) Programme lancé par les gouvernements du Honduras et du Nicaragua, sous les auspices de la Coopération Suisse en Amérique Centrale et facilité par Swisscontact. Sa mission est de favoriser les échanges entre les institutions publiques et le secteur privé en vue d’un développement compétitif des micro, petites et moyennes entreprises rurales.
Un net sursaut intervint au cours des années 1980-1990, que répercuta la production. Mais le cacao souffrit ensuite des dévastations de la tempête tropicale Mitch (1998), des méfaits de la moniliose, d’un délaissement de l’entretien et d’une chute du rendement. Les chiffres de la production et des exportations reflétèrent la crise cacaoyère. C’est l’intérêt que portèrent au cacao hondurien certaines entreprises internationales qui allait lui donner un nouveau souffle. La filière cacao devint alors prioritaire. À partir de 2007, l’Asociación de Productores de Cacao de Honduras (APROCACAHO), créée en 1984 et qui regroupe quelque 1 800 producteurs de la zone caribéenne du Honduras (2), reçut l’appui du Proyecto Cacao de Centroamérica (PCC), grâce à la fois à la coopération entre la Fundación Hondureña de Investigación Agrícola (FHIA) et le Centro Agronómico Tropical de Investigación y Enseñanza (CATIE), dont le siège est au Costa Rica. et le soutien du programme PyMerural (3), qui a contribué à donner à l’association un rôle de premier plan dans la stratégie de développement du secteur cacaoyer. Le nombre de planteurs augmenta de façon notable, et la production de cacao s’en ressentit. Selon l’Aprocacaho, le nombre de planteurs aurait atteint 3 417 en 2012, soit 40 % de plus que douze ans auparavant. La production de cacao hondurien est concentrée dans les régions du nord-ouest, du littoral Atlantique et de la Mosquitia — Cortés, Gracias a Dios, Atlántida, Santa Bárbara et Yoro —, les départements de Cortés et Gracias a Dios assurant, en 2009, 80 % de la production totale de ces régions. On recense aussi des groupes de producteurs dans le département d’Olancho, notamment dans la zone du parc national Patuca. Dans la région occidentale (surtout, Copán), des petits groupes se sont organisés autour de la production de cacao fin. On recensait 381 hectares de nouvelles plantations en 2009. Le Honduras possède les écosystèmes requis pour cultiver un cacao de haute qualité et détient donc un potentiel sur le marché du cacao fin. De fait, les plantations réhabilités ou réhabilitables ont conservé les variétés traditionnelles présentant les caractéristiques du cacao fin, mais elles sont d’un bas rendement et d’une grande sensibilité aux maladies.
L’intervention suisse fut importante dans ce renouveau. En 2009, la Division de Coop Chocolats Halba (4) entreprit de réhabiliter le cacao dans ce pays. En collaboration avec Helvetas (5), cette chocolaterie suisse s’est engagée à soutenir un projet d’exploitation durable de la forêt et de production biologique de cacao. Ce projet, qui mise sur des pratiques culturales innovantes, respectueuses de l’environnement, a permis de relancer le secteur cacaoyer et d’obtenir une nette amélioration de la qualité des fèves de cacao. En 2011, le pays exporta 40 tonnes de cacao à destination de Halba. Aussi, en 2013, Coop put lancer le premier chocolat équitable bio à base de cacao du Honduras, chocolat noir bien équilibré proposé dans l’assortiment Coop Naturaplan et qui arbore le label du Bourgeon de reconversion Bio Suisse — ce label distingue des produits dont les matières premières proviennent d’exploitations en cours de conversion à l’agriculture biologique. Les plantations de cacao bio bordent le parc national Patuca, au cœur de la plus grande forêt humide d’Amérique centrale.
Hors ce client suisse privilégié, le cacao hondurien s’exporte aussi vers les États-Unis, l’Espagne, le Costa Rica, le Nicaragua, le Panamá, le Salvador et le Guatemala.
Le cacao du Honduras
Il est mondialement connu pour ses qualités : les graines sont traitées organiquement, sans produits chimiques. Nombreuses sont les chocolateries qui s’approvisionnent au Honduras, notamment Valrhona, qui produit le Guanaja 70 %.
(4) Fondée en 1933 à Zurich, reprise par le groupe coopératif suisse Coop (voir ce nom) en 1972 et aujourd’hui établie à Wallisellen, cette chocolaterie fabrique plus de 12 000 tonnes par an, destinées à des détaillants suisses, mais aussi à l’exportation et à l’industrie. Elle ne produit pas ses propres marques de chocolat, mais produit, entre autres pour les marques Coop, Conad, Alter Eco USA, Alter Eco Pacific, Alter Eco France. Sa gamme comporte quelque 400 articles — produits finis et semi-finis. L’entreprise fabrique des produits bio et équitables — son objectif : utiliser d’ici 2015 100 % de fèves de cacao certifiées équitables. Elle est aussi la première à proposer du chocolat au bilan CO2 neutre. Enfin, elle est la seule fabrique de chocolat suisse à avoir été qualifiée de « pionnière » par la Déclaration de Berne dans sa publication Engagement des entreprises pour le respect des droits humains dans la production de cacao - Évaluation des fabricants et des distributeurs suisses de chocolat (Lausanne, 2013). Elle soutient également des projets au Pérou et au Ghana.
(5) Fondée en 1955, l’association Helvetas a fusionné en 2011 avec Intercooperation (fondée en 1982). Helvetas Swiss Intercooperation est l’une des plus importantes organisations de développement de Suisse.
Honduras : production de cacao
en milliers de tonnes
1960-61 0,163
1961-62 0,149
1962-63 0,197
1963-64 0,203
1964-65 0,211
1965-66 0,223
1966-67 0,276
1967-68 0,274
1968-69 0,294
1969-70 0,300
1970-71 0,300
1971-72 0,300
1972-73 0,300
1973-74 0,300
1974-75 0,300
1975-76 0,300
1976-77 0,500
1977-78 0,500
1978-79 0,500
1979-80 0,500
1980-81 0,500
1981-82 1,000
1982-83 1,100
1983-84 1,600
1984-85 1,700
1985-86 2,000
1986-87 2,300
1987-88 1,900
1988-89 2,700
1989-90 2,700
1990-91 3,300
1991-92 2,700
1992-93 3,656
1993-94 3,000
1994-95 2,400
1995-96 2,700
1996-97 1,700
1997-98 2,700
1998-99 2,300
1999-2000 2,000
2000-01 2,000
2001-02 2,000
2002-03 2,000
2003-04 2,000
2004-05 2,000
2005-06 2,000
2006-07 0,361
2007-08 0,800
2008-09 1,350
2009-10 1,590
2010-11 1,957
2011-12 ???
2012-13 ????
[Source : FAO.]
Ajouter un commentaire
Commentaires