Espagne

 

 

Barbastro

 

Cette cité d’Aragon (province de Huesca, Espagne) connut dans le passé une activité commerciale exceptionnelle et s’imposa comme un centre chocolatier réputé. En 1795, on dénombrait une quinzaine de négoces de produits d’outre-mer qui vendaient du cacao et/ou du chocolat, notamment de Caracas. Josef Blanco, Lorenzo Araguás, Juan Artigas, Antonio Peralta, Bautista Nogarón, Miguel Mur… Mais d’autres commerçants proposaient aussi du chocolat, comme, par exemple, Joaquín de Brotto, qui connut quelques ennuis pour vendre du chocolat de mauvaise qualité et, qui plus est, pour tricher sur le poids.

Considéré comme indispensable au petit déjeuner, le chocolat appartenait, au début du xixe siècle, à l’alimentation dans les hôpitaux militaires. Un règlement de 1811 (Plan de los Alimentos y Condimentos, tanto ordinarios como extraordinarios, de que deberán estar provistos los Hospitales Militares de Campaña) le mentionne parmi les aliments d’usage « ordinaire » et en vante les vertus nutritionnelles. Un guide d’alimentation ultérieur (8 août 1884) prévoyait également du chocolat au petit déjeuner — ce n’est qu’en 1902 que le café fit son apparition au petit déjeuner dans ce type d’établissements. Tout celà explique que, au Santo Hospital de San Julián Martir y Santa Lucia de Barbastro, le chocolat faisait partie des rations des militaires et des civils, suivant des doses prescritées par les médecins. Une intéressante étude de Luis Alfonso Arcarzo Garcia met en évidence cet usage particulier du chocolat dans l’Espagne d’autrefois et précisément à Barbastro, où, jusqu’aux années 1930, l’Hôpital du District comporta du chocolat dans son plan d’alimentation et se le procurait généralement auprès de Simeón Aznar. Parallèlement à cette pratique quotidienne, il convient de mentionner une tradition liée à la fête de San Julián, l’un des saints patrons de l’hôpital : à tous les frères qui participaient à cette célébration, du chocolat était offert en la demeure du vicaire de la confrérie, et rien d’autre ne pouvait leur être offert.

Parmi les chocolateries les plus connues de cette ville au tournant du xxe siècle : Hijos de Joaquín Huetas, Juncosa y Escribá, Simeón Aznar ou Chocolates Acín — cette dernière allait avoir recours pour la publicité de son chocolat Competidor au talent du dessinateur Enrique Padrós Rivera (1) et pour son motif emblématique à celui du peintre Francisco Zueras Torrens (Barbastro 1918 – Córdoba 1992).

(1) Cette ville vit naître de nombreux graphistes et caricaturistes.