Congo (République démocratique du)
L’ancien Congo belge appartient pour sa plus grande partie à l’hémisphère austral, jusqu’au 14° latitude Sud. Il a connu une économie agricole pour le moins désorganisée suite aux tumultes de sa vie politique. Au sein des cultures commerciales, généralement situées le long des fleuves, les cacaoyers ont aussi souffert des problèmes ruraux (insécurité, exode vers les villes, etc.).
Il est déjà fait mention du cacao au tournant du XXe siècle dans un Manuel du voyageur et du résident au Congo (sous la direction du général Donny, 1900) : « le voyageur emportera de Léopoldville des fèves de café, de cacao, des noyaux de mangues ou d’autres fruits à confier à la terre, des tiges de bambous de Chine à repiquer, etc. » Il existait alors, selon ce même guide, de grandes plantations, comme pour le café. De fait, le cacao aurait été introduit dans ce pays par des explorateurs portugais qui avaient établi, aux xvie et xviie siècles, des comptoirs commerciaux sur le littoral d’Afrique de l’ouest. La colonisation belge chercha à développer la cacaoculture, en important des plants de Côte-d’Ivoire et du Ghana et en lançant un programme de sélection du cacao dans les stations INEAC (Institut National pour l’Étude Agronomique au Congo belge) de Yangambi et de Bongabo. Après l’indépendance (1960), cette culture, pour être jugée peu rentable, fut peu à peu délaissée. Mais la chute des cours du café, les troubles politiques en Côte-d’Ivoire et la hausse du prix du cacao ravivèrent l’intérêt pour cette culture.
Traditionnellement, le terroir cacaoyer est la région du Mayumbe, qui jouxte le vaste estuaire du Congo, au sud-ouest de Kinshasa, et dans laquelle la SCAM (Société de Cultures et d’Industries Agricoles au Mayumbe) (1) introduisit la cacaoculture en 1960. Une région essentiellement forestière, mais aussi pourvue de cultures vivrières et dont les ports de Boma et Matadi relient le Congo au reste du monde. Coopérative créée par six associations paysannes du territoire de Tshela (district du Bas-Fleuve, province du Bas-Congo), la COCAMA (Coopérative Cacao Mayumbe) (2) y encadre la filière cacao, conseillant ses membres au niveau de la production, de la transformation avec un suivi sur la qualité et la commercialisation. Toutefois, le pays dispose, pour le cacao, d’une surface cultivable six fois supérieure à celle de la Côte d’Ivoire et présente un important potentiel cacaoyer au nord, dans la province de l’Équateur et dans la Province Orientale. Un grand projet sur le cacao entrepris au Congo fut le projet de la Cacaoyère de Bengamisa (CABEN), à Bengamisa, non loin de Kisangani ; après plus de quinze ans d’abandon, cette cacaoyère reprit ses activités. À la fin des années 2000, une nouvelle dévastation des caféiers par la terrible maladie qu’est la trachéomycose, dans la province du Nord-Kivu, près de Beni, amena de nombreux planteurs à se reconvertir dans le cacao, avec l’aide d’ONG spécialisées et d’entreprises locales qui encouragent cette transformation de l’économie de la région. L’avenir semble y être prometteur…
(1) Elle fait partie du Groupe Agri Elwyn Blattner. Son siège est à Tshela. Elle possède trois usines, dont une usine complexe à Nganda Tsundi, pour le traitement du cacao et du café. En matière de cacao, elle exploite plus de 1 100 ha en métayage.
(2) L’industriel belge Belcolade, du groupe Puratos, s’est engagé à acheter toute la production de cette coopérative agricole.
République démocratique
du Congo :
production de cacao
en milliers de tonnes
1905-06 0,402
1906-07 0,548
1907-08 0,612
1960-61 5,800
1961-62 6,500
1962-63 5,600
1963-64 4,800
1964-65 4,300
1965-66 5,300
1966-67 4,900
1967-68 4,500
1968-69 4,900
1969-70 6,200
1970-71 6,300
1971-72 6,500
1972-73 5,700
1973-74 5,000
1974-75 5,300
1975-76 5,400
1976-77 5,200
1977-78 4,300
1978-79 5,700
1979-80 5,900
1980-81 4,513
1981-82 4,300
1982-83 4,300
1983-84 4,388
1984-85 4,530
1985-86 6,300
1986-87 5,500
1987-88 6,200
1988-89 7,100
1989-90 7,180
1990-91 7,270
1991-92 7,361
1992-93 7,453
1993-94 7,547
1994-95 7,551
1995-96 7,576
1996-97 7,207
1997-98 6,909
1998-99 6,565
1999-2000 6,582
2000-01 6,235
2001-02 5,750
2002-03 5,710
2003-04 5,670
2004-05 5,630
2005-06 5,590
2006-07 5,590
2007-08 5,510
2008-09 5,470
2009-10 5,431
2010-11 5,692
2011-12 ???
2012-13 ???
(Source : FAO.)