El Salvador

 

 

Ce pays d’Amérique Centrale, entouré du Guatemala (nord et ouest), du Honduras (nord et est) et de l’océan Pacifique (sud et ouest), présente un sol volcanique, très fertile, où se plaît aujourd’hui le caféier. On tend à oublier que, avant la Conquête hispanique, ce territoire était l’un des gros producteurs de cacao (1). Les Mayas occupant l’ouest du Salvador y pratiquaient sa culture, dont les usages étaient similaires à ceux rencontrés au Guatemala, au sud du Mexique ou au Honduras. Le criollo y était l’objet de toutes les attentions agricoles. D’où l’intérêt que les Espagnols portèrent à la région d’Izalco (2). Mais à partir de la fin du XVIIe siècle, les conflits politiques avec les autorités du Guatemala et les épidémies qui frappèrent la population indigène contribuèrent au déclin de cette culture. D’autant que la compétence en la matière du Venezuela et de l’Équateur constituait une redoutable concurrence et que les éruptions successives du volcan Izalco, pendant près de deux siècles, ruinèrent les plantations. Le cacao finit par céder place à d’autres productions (indigo, notamment). « La culture du cacaoyer avait même été, pendant quelque temps, abandonnée ; elle n’a repris que depuis une dizaine d’années. La récolte qui, en 1879, n’était que de 22.000 kilogrammes, était de 50.000 kilogrammes en 1889, et le nombre des pieds plantés s’est élevé, pendant la même période, de 34.000 à 50.000. », observe Henry Jumelle. Il semble qu’au tout début du xxe siècle, on ne recensait pas 100 000 arbres. Les plantations étaient alors principalement situées sur les plateaux près de San Salvador, dans les plaines près de Sonsonate et, près de San Julian, à la Côte du Baume. Bien que de bonne qualité, le cacao produit ne présentait guère d’arôme ; sans doute un traitement des fèves quelque peu défectueux y contribuait-il. Les variétés qui s’y trouvaient, note Paul Preuss, étaient alors le lagarto et une variété ressemblant au criollo.

(1) David G. Browning relate ce passé cacaoyer dans son ouvrage El Salvador, landscape and society, 1971.

(2) Découvert en 1976, le site maya de Joya de Cerén (vers 650), situé dans la vallée de Zapotitlán, le long du rio Sucio, a été préservé par une éruption volcanique qui l’a recouvert. C’était un lieu de vie, constitué de plusieurs structures (maisons, boutiques, etc.). Les fouilles ont mis au jour des graines de cacao, contenues dans un vase en excellent état, l’emplacement jadis occupé par un cacaoyer, ainsi que des résidus de cacao dans un vase peint.

Aujourd’hui, la production salvadorienne est minime. Elle est concentrée dans les zones de Nahuilingo, Sonsonate et Usulután. En 2006-2007 furent recensées 42 exploitations dans tout le pays — dont 15 dans la région d’Usulután —, soit une superficie totale de 446 hectares. La transformation du cacao s’y fait artisanalement, et le produit fabriqué est le chocolat à boire. Le pays importe, en outre, du cacao du Nicaragua (60,7 %), du Guatemala et du Honduras, notamment. En 2009, des planteurs de cacao fin se constituèrent en coopérative, ES-CACAO, dont le siège se trouve à Santa Tecla et qui a pour mission de relancer la cacaoculture dans le pays et de restaurer celui-ci sur le marché mondial du cacao fin. Son objectif : cultiver 1 000 hectares dans les quelques sept années à venir.

La production de cacao d’El Salvador s’éleva à 300 tonnes entre 1960 et 1970, oscilla entre 200 et 300 t entre 1970 et 1980, atteignit 400 t entre 1981 et 1989. Depuis lors, les montants furent de : 490 t (1990-1991), 458 t (1994-1995), 160 t (2000-2001), 180 t (2004-2005), 179 t (2010-2011).