Compagnie Coloniale

(France)

 

Cette chocolaterie, créée en 1848 [1850, selon Turgan (1)], à Paris, fut une des sociétés qui, à la fin du XIXsiècle, commerçaient avec les colonies. Sa fabrique se trouvait rue Lesueur, sur les hauteurs de Passy, son entrepôt général, place des Victoires, et son magasin au 19 avenue de l’Opéra. Elle était considérée, indique L’Illustration (13 janvier 1855), comme « un établissement qui honore l’industrie et qui doit parvenir au but que sa fondation s’est proposé d’atteindre, celui de restituer au chocolat la place importante que ses vertus toutes spéciales lui assignent dans l’alimentation. » Sa production quotidienne (quatre tonnes en 1855) doubla en vingt-cinq ans. Son matériel était des plus performants, notamment en matière de torréfaction. « […] un des premiers établissements de la capitale, la Compagnie Coloniale, ayant reconnu que la torréfaction était subordonnée à la seule pratique et au coup d’œil des ouvriers employés à cette opération, et que la moindre inattention de leur part pouvait amener de fâcheux résultats, cette compagnie, disons-nous, s’est mise à la recherche d’une machine propre à opérer une torréfaction uniforme, complète et ne laissant rien à désirer. Le succès a couronné ses efforts, et aujourd’hui les vastes usines de la Compagnie coloniale sont en possession d’ingénieuses machines qui torréfient le cacao, au point déterminé, avec une précision mathématique. Ce perfectionnement immense, quant aux résultats, assure aux chocolats de cette compagnie une incontestable supériorité.», observait alors Auguste Debay (Les influences du chocolat, du thé et du café sur l’économie humaine, 1864.)

Le Charivari, 17 mars 1854

(1) Dans Les grandes usines de France, il consacre toute une étude à la Compagnie coloniale, qu’il considère comme une fabrique modèle.

 À cette époque, l’entreprise exportait, chaque année, plus de 500 tonnes de ses chocolats. Au début des années 1880, elle employait 450 personnes et utilisait deux machines d’une force de vapeur globale de cent chevaux. À l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, sa publicité mettait l’accent sur la qualité des ingrédients : « Tous les Chocolats de la Compagnie Coloniale, sans exception, sont composés de matières premières de choix ; ils sont exempts de tout mélange, de toute addition de substances étrangères, et préparés avec des soins inusités jusqu’à ce jour. Fondé spécialement dans le but de donner au Chocolat, considéré au point de vue de l’hygiène et de la santé, toutes les propriétés bienfaisantes dont ce précieux aliment est susceptible, la Compagnie Coloniale ne fait pas du bon marché la question principale : elle veut, avant tout, livrer aux consommateurs des produits d’une supériorité incontestable. » Le magasin de l’avenue de l’Opéra vendait, au détail, divers chocolats, du chocolat de santé ordinaire aux chocolats vanillés les plus fins, mais aussi « des pastilles, des petites tablettes spéciales et des croquettes ; ces boulettes, dites chocolat à la crème, sont tout simplement du sucre aromatisé à la vanille ou au café cuit jusqu’au degré connu en confiserie sous le nom de boulé, et que l’on enrobe d’une couche de chocolat. » (Turgan.) Sans oublier le « chocolat de poche et de voyage », ni le chocolat au miel, dont la fabrication était due aux recherches de la Compagnie (2). Laquelle distribuait aussi le « chocolat du planteur » et commercialisait des thés noirs de Chine.

Au cours du XXsiècle, l’entreprise abandonna peu à peu son activité chocolatière pour s’orienter vers l’importation de thé et d’objets liés au thé. Elle reprit en 1930 la Compagnie des Indes, ce qui lui permit d’élargir son assortiment de thés. En 2001, elle fusionna avec la société INDAR, S.A. (3), spécialisée dans les thés, pour former la firme Thé INDAR-Compagnie Coloniale, établie à Dissay, près de Poitiers (Vienne).

(2) Longue mention en est faite dès 1855 dans Le Cuisinier et le Médecin, et le Médecin et le Cuisinier… (sous la direction de Léandre-Moïse Lombard, Paris, L. Curmer, 1855).

(3) Créée en Russie en 1887 par Mme Szluma Gilkin.

Gravure parue dans L'Illustration, n°620, 13 janvier 1855.

Un établissement modèle

 

« La Compagnie colonialea été fondée dans un but d'introduire dans la fabrication et le commerce du chocolat des perfectionnements et des réformes depuis longtemps désirés.

          Pour atteindre ce but, la Compagnie a groupé autour d'elle des colons établis dans les lieux les plus estimés pour la culture du cacaotier, dont le fruit, base du chocolat, est le plus répandu ; — et enfin, des médecins éclairés, chargés de suivre la fabrication dans tous ses détails.

       C'est en s'appuyant sur ces éléments sérieux que la Compagnie colonialea créé une fabrique modèle, dont les produits sont appelés à rendre au chocolat la place importante que, par ses vertus toutes spéciales, il doit occuper dans l'alimentation.

        Tous les chocolats de la Compagnie sont composés, sans exception, de matières premières de choix ; ils sont exempts de tout mélange, de toute addition de substances étrangères, et préparés avec des soins inusités jusqu'à ce jour. »

 

Le Cuisinier et le Médecin, et le Médecin et le Cuisinier…,

sous la direction de Léandre-Moïse Lombard, Paris, L. Curmer, 1855.

[…] au bout de la rue, une petite crémerie sans affaires changeait de propriétaire, à la suite de la vente du fonds par autorité de justice. La boutique était restaurée. On la repeignait. Les vitres de la devanture s’ornaient d’inscriptions en lettres jaunes. Des pyramides de chocolat de la Compagnie coloniale, des bols de café à fleurs, espacés de petits verres à liqueur, garnissaient les planches de l’étalage. À la porte brillait l’enseigne d’un pot au lait de cuivre coupé par le milieu.

Edmond et Jules de Goncourt

Germinie Lacerteux

 

On fait aussi, rue Lesueur [Compagnie Coloniale], des pastilles, des petites tablettes spéciales et des croquettes ; ces boulettes, dites chocolat à la crème, sont tout simplement du sucre aromatisé à la vanille ou au café cuit jusqu’au degré connu en confiserie sous le nom de boulé, et que l’on enrobe d’une couche de chocolat.

Turgan

Les grandes usines de France…

 

[…] il avait même traversé une ou deux fois la chaussée pour lire, avec un soin stupide, les annonces peintes sur les verres du kiosque à journaux, considérant attentivement le profil des têtes couronnées sur les médailles obtenues aux expositions par le chocolat de la Compagnie coloniale[…].

François Coppée

Une Idylle pendant le siège

Illustrations appartenant à une publicité de l'entreprise parue dans Les Modes, 1er janvier 1907 et 1er décembre 1907

 

La publicité

 

Cette firme n’hésitait pas à faire paraître de longues publicités écrites, non illustrées, parfois là où on aurait pas soupçonné les trouver. Par exemple, un long encart fut inséré, au milieu des reproductions de peintures et autres œuvres graphiques, dans le Catalogue illustré du Salon 1881, sérieux ouvrage publié sous la direction de F.-G. Dumas (Paris, Librairie d’Art L. Baschet) — les informations sur l’emploi du chocolat en constituent l’essentiel.

         Cette chocolaterie édita des chromos sur papier toilé (9 x 18 cm) consacrées aux chansons françaises. Vers 1930, De Andréis conçut, à Marseille, un petit camion-jouet publicitaire, en tôle lithographiée, inspiré des camionnettes Latil que l’entreprise utilisait pour ses livraisons. Le véhicule contenait une caissette en carton au nom de la Compagnie.

Dans Le Théâtre, 1er décembre 1908, n°239.

Coll. A. P.-R.

Dans Le Théâtre, janvier 1898, n°1.

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