Les importateurs de cacao

 

 

Initialement, les importations, exlusivement en provenance d’Amérique Centrale, furent réservées à l’Espagne, qui s’en gardait jalousement le monopole. Plus tard, cependant, à la suite de l’intervention des Hollandais, qui s’étaient établis dans l’île de Curaçao, au large du littoral vénézuélien, des exportations de cacao débutèrent à partir du Venezuela et à destination des Pays-Bas. C’est ainsi que ce pays prit peu à peu le contrôle d’une grande partie du négoce du cacao, lequel était produit par des pays sous contrôle espagnol. au cours des dernières décennies du xixe siècle, les débouchés du cacao se multiplièrent, principalement dans les pays non assujettis à des taxes douanières trop élevées. si la demande des consommateurs progressa plus vite que la production, encore très onéreuse, le coût de plus en plus abordable du sucre, essentiel à la fabrication du chocolat, contribua néanmoins à l’essor de la chocolaterie. essor attesté par les importations de cacao entre 1894 et 1899, qui, pour la france, premier importateur en dépit des droits excessifs frappant encore le cacao et le sucre, passèrent de 14 700 tonnes à 17 667 tonnesalors que les importations passèrent : pour l’Angleterre, de 10 018 t à 17 300 t ; pour l’Allemagne, de 8 960 t à 16 500 t ; pour les Etats-Unis, de 9 620 t à 16 000 t ; et pour la Belgique, de 1 415 t à 3 250 t.

En 1894, la France était en tête de la chocolaterie industrielle. Une décennie plus tard, elle avait déjà été devancée par les États-Unis et l’Allemagne. Avant la Grande Guerre, les plus gros importateurs étaient, par ordre d’importance, les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la France et la Suisse. Aujourd’hui, au regard de l’Accord international sur le cacao de 2010, l’expression pays importateur désigne un pays « dont les importations de cacao converties en équivalent de cacao en fèves dépassent les exportations » (1). L’Union Européenne importe plus de 90 % de son cacao d’Afrique de l’Ouest. Les principaux importateurs européens sont la Belgique (Anvers), l’Estonie (Tallinn), la France (Bordeaux, Le Havre, Marseille et Rouen), l’Allemagne (Brême et Hambourg), l’Italie (Gênes et Trieste), la Lettonie (Riga), la Lithuanie (Klaipéda), les Pays-Bas (Amsterdam et Rotterdam), la Pologne (Gdynia et Szczecin), l’Espagne (Barcelone et Valence) et le Royaume-Uni (Brighton, Hove, Felixstowe, Hull, Humberside, Liverpool, Londres et Teesside). Le cacao est stocké dans de vastes entrepôts, dans les lieux de débarquement, avant d’être livré aux acheteurs. Ces stocks sont considérables. Depuis la 21e session spéciale (juin 2000) de l’ICCO, le secrétariat de cet organisme s’emploie à en déterminer le volume, chaque année. Ainsi celui-ci fut, pour l’ensemble des ports européens (mentionnés ci-dessus), de 955 088 tonnes au 30 septembre 2008 et de 835 764 tonnes au 30 septembre 2009. Des chiffres, bien évidemment, approchants, car le recensencement est extrêment complexe, et les détenteurs d’entrepôts omettent parfois de donner leurs chiffres. Néanmoins, ils sont très utiles pour apprécier l’évolution de l’économie cacaoyère.

(1) À l’inverse, un pays exportateur est un pays « dont les exportations de cacao converties en équivalent de cacao en fèves dépassent les importations ».

Carte postale Raphael Tuck & Sons, Londres, 1904.

Artiste M. BROWN