Samoa

 

 

Composé de deux grandes îles (Upolu et Savaii) et de plusieurs petites, cet archipel du Pacifique sud, à mi-chemin entre Hawaii et la Nouvelle-Zélande, est un terroir idéal pour le cacaoyer, tant de par sa latitude proche de l’Équateur et son climat chaud et humide que par son sol volcanique et fertile. C’est à partir de plants importés de Ceylan (auj. Sri Lanka) que les premières cacaoyères auraient vu le jour dans l’île d’Upolu au début des années 1880, à l’initiative du Kolonia-Wirtschaftliches Komitee — l’archipel était alors une colonie allemande. Des coolies chinois en constituèrent d’abord la main-d’œuvre. C’est à cette époque que l’écrivain écossais Robert Louis Stevenson, qui souffrait de tuberculose, s’installa dans l’île d’Upolu, où il choisit de pratiquer cette culture, si prenante qu’il déplorait de délaisser l’écriture, et si épuisante qu’il mourut en 1894 d’une hémorragie cérébrale. Voir ci-dessous. La production y était très faible : 200 tonnes dans les années 1910. Mais, obtenu à partir de criollos, le cacao de Samoa était très estimé. Paul Zipperer indiquait, en 1915, que des plantations de forasteros avaient été effectuées peu auparavant, aux fins d’accroître la production.

Les exportations ont connu un déclin constant depuis les années 1960. Aujourd’hui, le cacao constitue une culture vivrière après la noix de coco et devant la banane. Des études internationales ont été faites pour relancer la cacaoculture à partir des anciens trinitarios de l’archipel, et ce afin d’y développer le cacao fin. Car Samoa produit 100 % de cacao fin. Le gouvernement a lui-même entrepris des campagnes de promotion.

Depuis 1960, la production de cacao des îles Samoa n’a cessé de décroître, avec, toutefois, quelques petits sursauts : 4 300 t (1960-1961), 2 300 t (1964-1965), 3 100 t (1970-1971), 1 600 t (1974-1975), 2 100 t (1980-1981), 1 200 t (1984-1985), 220 t (1990-1991), 371 t (1994-1995), 535 t (2000-2001), 690 t (2004-2005), 433 t (2010-2011).

Ci-dessus  - 1952

A droite  -  1968

Le koko Samoa

 

Le cacao a une signification culturelle particulière pour cet archipel, où la boisson nationale est le koko Samoa. Celui-ci est fait d’eau bouillante, de koko Samoa — des fèves de cacao légèrement fermentées et séchées, réduites en pâte — et de sucre. Les Samoans sont très friands des pegu (brisures) qui se retrouvent dans le breuvage. Le koko sert aussi à la confection de plats populaires, tels le koko alaisa, préparation de riz au cacao, ou le koko esi, sorte de bouillie de cacao et de papaye, consommée au petit déjeuner.

Robert-Louis Stevenson à Samoa

 

L’écrivain écossais (1850-1894) fut un des pionniers de la culture cacaoyère à Samoa. Après un long périple dans les mers du Sud (août 1888 - printemps 1890), il choisit de s’établir, avec sa famille, dans une propriété dans la montagne, derrière Apia, qu’il baptisa Vailima (« cinq rivières »). H. J. Moors, qui se lia d’amitié avec Stevenson à Samoa et devait, plus tard, lui consacrer un ouvrage (With Stevenson in Samoa, Boston, Small, Maynard & Company, 1910), indique l’intérêt que l’écrivain porta, d’emblée, à ses efforts pour introduire la culture du cacao dans la population. L’information étant essentielle, Moors rédigea un opuscule sur le cacao et son processus cultural, au financement duquel Stevenson participa et qui fut distribué gratuitement. L’accueil des indigènes fut enthousiaste, mais se heurta au fait que le pays comptait peu de cacaoyers et que ceux-ci appartenaient à une firme allemande, laquelle en profita pour tirer un important bénéfice des graines qu’elle vendit. Ainsi le cacao fut-il introduit presque partout, et fut-il bientôt considéré comme une culture rentable, donnant un produit d’excellente qualité. Stevenson, lui-même planta plusieurs milliers de cacaoyers derrière sa maison, à Vailima, mais, d’après Moors, ceux-ci n’auraient pas bénéficié de soins suffisants pour être d’un bon rendement. Peut-être son souci d’esthétique ne s’accordait-il pas avec ce type de culture…

La correspondance que l’écrivain échangea avec son ami Sidney Colvin (Vailima Letters, novembre 1890 - octobre 1894, Londres, Methuen and Co., 1895) atteste la place occupée par le cacao dans la vie de Stevenson. Dès novembre 1891, ses lettres mentionnent l’arrivée des graines, leur mise en terre dans des paniers faits de feuilles de cocotier, les deux à trois heures passées chaque matin dans la plantation, la fatigue que ce travail génère, l’interdiction médicale de travailler, etc.

Photo By The Writers Museum

La famille Stevenson à Vailima (à gauche phot. J. Davis,  ca 1891)