Amérique
Par suite de la forte croissance de la production cacaoyère africaine, la part de l’Amérique latine dans le marché mondial a fortement régressé. Sa participation actuelle est d’environ 13 %, avec 471 millions de tonnes au début des années 2010. Le plus gros producteur est le Brésil, qui occupa longtemps le deuxième rang mondial de cacao (derrière le Ghana). Suit l’Équateur, qui, avec le Venezuela et l’île de la Trinité, fournit, de longue date, les meilleures sortes de cacao.
Mais où en est le cacao dans le berceau de son histoire ? En Amérique Centrale, dont les conditions agro-écologiques sont des plus favorables au cacaoyer, et dont on estime à au moins 30 % la surface potentielle qui pourrait lui être consacrée, plus de la moitié de la production de cacao provient de zones rurales où les plantations ne dépassent pas 5 hectares. Le criollo, notamment, est souvent cultivé dans des zones reculées, où les communications sont difficiles. De plus, la cacaoculture souffre à la fois des maladies et d’un potentiel de rendement très bas dans la plupart des plantations. Au cours des années 1960-1970 fut développée une nouvelle variété de cacaoyer de meilleure productivité que les variétés traditionnelles existantes en Équateur (voir ce nom), CCN-51 (Colección Castro Naranjal- 51) ou Don Homero [voir cacaoyer]. Ce clone fut sélectionné et étudié par l’agronome équatorien Homero U. Castro, qui effectua ses recherches à Naranjal (Équateur) dans une plantation du nom de Theobroma ; son inventeur mourut avant d’en avoir déposé le brevet, ce qui explique, en partie, pourquoi le clone est si répandu en Amérique latine. Mais son introduction, déjà effectuée dans certains pays et envisagée dans d’autres, tel le Guatemala, ne semble pas correspondre à la préoccupation croissante de qualité. En 2005, l’ICCO sanctionna l’Équateur et révisa le taux de cacao fin qui était attribué à ce pays, le rétrogradant de 100 % à 75 %, suite à l’adoption du CCN-51 et des problèmes qui en découlèrent [mélange avec du Nacional, notamment (1)]. Les pays s’emploient aujourd’hui à améliorer quantité et qualité ; de ce fait, ils investissent dans de nouvelles plantations et s’efforcent de réhabiliter les plantations existantes. Tous les regroupements de planteurs centre-américains (associations, coopératives, etc.) présentent les mêmes stratégies de production, d’organisation sociale, de certification, etc. En 2010, les exportations centre-américaines à destinattion de l’Europe ne représentèrent que 0,019 % des importations européennes de cacao.
(1) Le CCN-51 requiert une fermentation plus longue en raison de son mucilage, plus abondant. Le mélanger à d’autres variétés nuit à la qualité de celles-ci.
Le criollo est principalement cultivé au Mexique, au Guatemala et au Nicaragua (en petites quantités), au Venezuela, en Colombie, dans les îles des Caraïbes, à Trinidad, à la Jamaïque et dans l’île de Grenade. Le forastero est surtout cultivé au Pérou, en Équateur, en Colombie, au Brésil, dans les Guyanes et au Venezuela. Le trinitario se rencontre à Trinidad et aux Antilles.
Amérique du Sud
(Bolivie, Brésil, Colombie, Équateur,
Guyana, Pérou, Suriname,
Venezuela)
production de cacao
en milliers de tonnes
1960-61 235,178
1961-62 222,517
1962-63 228,366
1963-64 232,385
1964-65 251,205
1965-66 264,709
1966-67 297,271
1967-68 271,596
1968-69 299,802
1969-70 292,072
1970-71 333,957
1971-72 332,772
1972-73 305,233
1973-74 380,860
1974-75 408,600
1975-76 346,979
1976-77 372,473
1977-78 410,476
1978-79 470,028
1979-80 467,794
1980-81 476,887
1981-82 509,204
1982-83 484,686
1983-84 467,515
1984-85 626,128
1985-86 622,789
1986-87 470,352
1987-88 547,525
1988-89 565,930
1989-90 443,312
1990-91 515,636
1991-92 513,336
1992-93 516,179
1993-94 496,565
1994-95 482,701
1995-96 444,363
1996-97 453,979
1997-98 410,844
1998-99 390,495
1999-2000 379,137
2000-01 341,837
2001-02 341,761
2002-03 344,034
2003-04 372,430
2004-05 386,230
2005-06 388,686
2006-07 382,727
2007-08 400,570
2008-09 443,461
2009-10 476,649
2010-11 597,482
2011-12 ????
2012-13 ????
[Source : FAO.]
Amérique Centrale
(Belize, Costa Rica, El Salvador,
Guatemala, Honduras, Mexique,
Nicaragua, Panama)
production de cacao
en milliers de tonnes
1960-61 40,318
1961-62 44,724
1962-63 43,322
1963-64 32,853
1964-65 31,106
1965-66 34,872
1966-67 34,861
1967-68 37,989
1968-69 34,474
1969-70 35,488
1970-71 35,801
1971-72 45,561
1972-73 41,951
1973-74 43,168
1974-75 42,819
1975-76 39,708
1976-77 39,168
1977-78 59,605
1978-79 52,603
1979-80 45,762
1980-81 39,581
1981-82 49,115
1982-83 40,120
1983-84 46,301
1984-85 61,606
1985-86 55,872
1986-87 53,039
1987-88 67,822
1988-89 61,798
1989-90 54,924
1990-91 55,357
1991-92 53,884
1992-93 64,720
1993-94 52,550
1994-95 57,809
1995-96 48,043
1996-97 52,209
1997-98 51,269
1998-99 48,311
1999-2000 34,113
2000-01 52,823
2001-02 52,072
2002-03 58,251
2003-04 54,843
2004-05 48,526
2005-06 51,955
2006-07 43,701
2007-08 40,471
2008-09 38,286
2009-10 35,118
2010-11 37,620
2011-12 ????
2012-13 ????
[Source : FAO.]
La cacaoculture aux États-Unis
Par ailleurs, aussi étonnant que cela puisse paraître, les États-Unis abritent des plantations de cacaoyers, dans l’État d’Hawaii, où sol et climat conviennent parfaitement à cette culture. En fait, l’histoire de la cacaoculture dans l’archipel remonte au XIXe siècle. Avant 1831, Francisco de Paula Marin planta des cacaoyers dans son domaine près de Pearl Harbor, sur l’île d’Oahu. À cette même époque, explique Allen M. Young, des voyageurs, venus du Mexique, importèrent, semble-t-il, des plants de cacao guatémaltèque. En 1850, le physicien allemand William Hillebrand (1821-1886) aurait introduit le cacao au Foster Botanical Garden de Honolulu (île d’Hawaii). Dans les années 1890, Crick et Hitchcock en entreprirent la culture à Hilo, à l’est de l’île d’Hawaii. En 1905, le laboratoire de recherches Hawaii Experiment Station, ancêtre de l’actuel CTAHR (College of Tropical Agriculture and Human Resources, University of Hawaii), établit une petite plantation près de Hilo. Pendant la Grande Guerre, face à l’envol des prix du cacao, cette station se fixa pour objectifs de développer le rendement, de produire du cacao ou du chocolat de façon à soutenir la concurrence des pays producteurs qui le vendaient au meilleur prix, et d’installer des fermes dans les zones les plus favorables, soit les régions de Hilo, Puna et Hana. Mais au sortir du conflit, les prix ayant chuté, cette culture perdit de son intérêt, les plantations hawaiiennes tombèrent à l’abandon, et les recherches furent interrompues. Il fallut attendre 1986 pour voir renaître la cacaoculture, à l’est d’Hawaii, grâce à Jim Walsh qui importa des plants de Belize et des Philippines et, avec l’appui de Hershey Foods, fonda la première plantation cacaoyère commerciale des États-Unis. En dépit d’un succès initial, sa tentative de fabriquer du chocolat (Hawaiian Vintage Chocolate Co.) devait échouer quelques années plus tard. En revanche, dans les années 2000, des petites plantations se créèrent sur toutes les îles (Oahu, Maui, Molokai, Kauai et Hawaii). La culture s’organisa : lancement du programme Hawaii Gold Cacao Tree (2000), introduction du cacao dans les préoccupations de l’association Hawaii Tropical Fruit Growers (2003), etc. Certes, en 2010 n’y œuvrait encore qu’un petit nombre de fermiers, mais la surface cultivable potentielle peut atteindre 1 200 hectares. Depuis 2012, l’Hawaii Chocolate and Cacao Association (HCCA), dont le siège est à Kaneohe (Hawaii), a pour mission de promouvoir cette industrie émergente et organise diverses manifestations en février, mois consacré officiellement à la célébration du chocolat dans l’État.
Le plus vaste domaine, Dole Food Co., couvre quelque 8 hectares à Waialua sur le littoral septentrional d’Oahu. La plus importante entreprise de transformation des fèves est à Kailua-Kona (île d’Hawaii), The Original Hawaiian Chocolate Factory, créée à partir d’un verger de 1 350 arbres acheté en 1997 par Bob et Pam Cooper.