La filière cacao

 

 

 

Soixante-dix pays sont « utilisateurs » de cacao, les uns exportateurs et faibles consommateurs, les autres importateurs et consommateurs de l’essentiel de la production. Depuis la fin du XXe siècle, la filière cacao prend en compte les petits producteurs et vise à instaurer une communication entre ceux-ci et les entreprises transformatrices. Cette importante évolution est, d’abord, due à la libéralisation de cette filière dans les grands pays producteurs d’Afrique. Les petites plantations familiales, qui alimentent la quasi totalité de la production mondiale, étaient naguère structurées par les États, à travers les Caisses de Stabilisation, et n’avaient donc aucun contact avec les acheteurs de cacao. Lesquelles Caisses accumulaient des bénéfices lorsque le cours du cacao était élevé et les redistribuaient aux planteurs lorsque celui-ci était bas, pour leur assurer de la sorte un prix d’achat stable. Les dérives générées par ce système amenèrent les grands organismes financiers (F.M.I., Banque mondiale, etc.) à requérir la libéralisation de la filière cacao. Ce que firent les États — par exemple, la Côte-d’Ivoire en 1999. Les petits planteurs se retrouvèrent ainsi confrontés aux grandes firmes qui contrôlent le marché. Fin 2000, les cours chutèrent… Et, pour surmonter cette crise soudaine, les planteurs s’organisèrent en coopératives.

Parallèlement à cette « restructuration », la cacaoculture dut faire face à des difficultés accrues : diminution de la fertililité des sols, ravages des maladies, etc. Nombre de planteurs s’ouvrirent alors à d’autres cultures, plus rentables. Pour pallier ce risque de pénurie, les multinationales se rapprochèrent des producteurs et installèrent des usines de transformation dans les terroirs de production. Certains transformateurs firent même l’acquisition de plantations. Par ailleurs, besoin fut de suivre les tendances gustatives, qui désormais privilégient le chocolat noir et donc impliquent des cacaos aromatiques de qualité, comme de satisfaire les notions « bio » et « équitable » auxquels les gourmands se réfèrent de plus en plus. Au regard de ces nouvelles exigences se créèrent des plantations produisant des « crus » de cacao, qui sont vendus soit aux coopératives, soit directement aux entreprises transformatrices, cette seconde formule permettant aux planteurs d’améliorer leur niveau de vie.

L’économie cacaoyère durable met l’accent sur trois facteurs : environnemental, économique et social. elle vise à de meilleures pratiques de la filière cacao, compte tenu des impératifs spécifiques des petits planteurs, et à assurer la traçabilité, en contrôlant la filière de la production jusqu’à la consommation, via le commerce et la transformation. elle constitue l’objectif de l’I.C.C.O., qui organise des tables rondes internationales sur cette thématique, comme celle qui, en 2009, se tint à Trinidad-et-Tobago.