Jamaïque
Cette île montagneuse des Caraïbes, située au sud de Cuba, fut découverte par Christophe Colomb. Les Espagnols y introduisirent la culture du cacaoyer. Pour être limitée, la production n’en fit pas moins l’objet, dès la toute fin du XVIe siècle, d’exportations vers La Havane et Veracruz. Conquise par les Anglais sur les Espagnols en 1655, la Jamaïque fut la première colonie anglaise à cultiver le cacao. Réputé pour son art de préparer le chocolat, le docteur Henry Stubbe recommandait son cacao. Au tournant des années 1680, indique John Chamberlayne (The Natural History…), le cacaoyer poussait particulièrement dans les plantations du colonel Barrington. Celui-ci transforma l’île, d’une modeste région cacaoyère en une plantation éminemment rentable reposant sur l’esclavagisme. La Jamaïque constitua une étape importante dans le commerce triangulaire anglais. Sur les quelque dix millions d’esclaves africains importés dans le Nouveau Monde, presque deux millions transitèrent par des ports jamaïcains.
Carte extraite de C. H. HARINGC., THE BUCCANEERS IN THE WEST INDIES
IN THE XVII CENTURY, Londres 1910
C’est dans l’entourage du gouverneur Christopher Monck, deuxième duc d’Albemarle, nommé à ce poste en 1687, que le médecin Hans Sloane découvrit cette colonie et s’y fit une réputation de naturaliste. Il y prit goût pour le chocolat, largement consommé par la population. Sans doute la production locale n’y suffisait-elle déjà pas, un siècle après le séjour de Sloane étaient importées 64 000 lbs de cacao. Il fallut, en fait, attendre le début du XXe siècle pour que, encouragée par la couronne britannique, la cacaoculture s’installât véritablement dans l’île, mais elle devait laisser la prédominance à la culture de la canne à sucre.
Attribué à Thomas Murray (1663–1735) ,
Christopher Monck (1653–1688), deuxième duc d’Albemarle,
The Old Schools, University of Cambridge
Aujourd’hui, la Jamaïque produit un des meilleurs cacaos au monde (100 % de cacao fin), mais sa production est tombée au-dessous d’un millier de tonnes et le dépasse à peine au cours des bonnes années. Néanmoins, cette culture emploie quelque 11 000 petits agriculteurs, qui tentent d’en vivre. Le pays vise à accroître ses capacités de production et de commercialisation — jusque là, ses débouchés sont la France, la Belgique, l’Italie et la Suisse. Le Conseil de l’Industrie du Cacao (CIB, Cocoa Industry Board) joue le double rôle de régulateur et de négociant en cacao — c’était encore en 2011 le seul exportateur jamaïcain de fèves de cacao — ; en 2011, il déclarait assurer la commercialisation de 98 % du cacao jamaïcain. Face à cet organisme étatique, l’Association des Producteur Jamaïcains de Cacao (JCFA) s’efforce de dynamiser cette commercialisation et d’y prendre une part plus importante, soit par sa représentation au sein du CIB, soit par ses propres initiatives ; elle a fait une demande de licence de distributeur de cacao, ce qui lui permettra d’obtenir des prix plus élevés pour les producteurs. Par ailleurs, elle souhaite établir des relations directes avec les producteurs de chocolat haut de gamme. Ainsi, en 2011, elle a conclu un accord avec Hershey, accord qui, en retour de l’approvisionnement en fèves pour les produits de première qualité du chocolatier américain, prévoit une assistance technique aux agriculteurs jamaïcains, afin d’améliorer leur capacité « à fermenter et à sécher leurs fèves de cacao pour maximiser les revenus des producteurs ».
A botany sheet showing a cocoa plant brought back from Jamaica in 1689 by Hans Sloane.
The illustration was completed by Dutch artist Everhardus Kickius. Source : The Natural History Museum, Londres.
Publisher : M H. Zahner
Illustration extraite de Picturesque Jamaica, par Adolphe Duperly & Son
(Angleterre, ca 1905)
Jamaïque :
production de cacao
en milliers de tonnes
1905-06 2,505
1906-07 2,218
1907-08 2,694
1960-61 2,870
1961-62 2,789
1962-63 2,396
1963-64 2,733
1964-65 2,447
1965-66 2,174
1966-67 1,642
1967-68 1,864
1968-69 1,857
1969-70 2,163
1970-71 1,872
1971-72 2,378
1972-73 1,952
1973-74 1,618
1974-75 1,780
1975-76 1,646
1976-77 1,692
1977-78 1,797
1978-79 1,366
1979-80 1,752
1980-81 1,752
1981-82 2,408
1982-83 2,302
1983-84 2,812
1984-85 2,380
1985-86 2,406
1986-87 3,186
1987-88 1,549
1988-89 1,386
1989-90 2,104
1990-91 1,750
1991-92 2,478
1992-93 2,522
1993-94 2,576
1994-95 2,538
1995-96 1,407
1996-97 1,653
1997-98 1,687
1998-99 1,036
1999-2000 1,100
2000-01 1,150
2001-02 1,000
2002-03 1,150
2003-04 1,177
2004-05 0,550
2005-06 0,595
2006-07 1,915
2007-08 1 015
2008-09 1,108
2009-10 1,368
2010-11 0,499
2011-12 ???
2012-13 ???
[Source : FAO (1960-2013).]
CPA Coll. A. P.-R.