République Dominicaine
La partie orientale de l’île d’Haïti (ou île de Saint-Domingue) (1), que Christophe Colomb avait baptisée Hispaniola, constitue aujourd’hui la République Dominicaine. Sis entre Cuba et Puerto Rico, cet État des Antilles connaît le cacao de longue date. « La ville capitale de l’île se nomme Saint-Domingue. […] Vers sa partie sud, au bord de la mer, on trouve un gros bourg Le Cotul, où les habitants ne font rien d’autre que de planter du tabac et du cacao, dont on fait le chocolat. », observait Alexandre Olivier Œxmelin (Histoire des Aventuriers Flibustiers et Boucaniers…) dans les années 1770. Toutefois, le cacao, qui avait laissé espérer un avenir prometteur aux colons, fut peu à peu délaissé au profit de l’indigo et, surtout, de la canne à sucre qui allait faire sa fortune. Raymond-Marin Lemesle (Le commerce colonial triangulaire) explique ainsi ce désintérêt : suite à un développement intensif des plantations de tabac, « les finances du roi voulurent tirer profit de cet heureux début : ce fut une erreur, car son essor fut à jamais compromis. Plus de 2 000 planteurs abandonnèrent alors Saint-Domingue pour les autres îles où la liberté de culture s’exerçait sans tracasseries de la ferme royale. De plus, Saint-Domingue fut gravement atteinte par la perte de ses cacaoyers qui périrent quasi en totalité. » De fait, en 1775, un ouragan détruisit tous les cacaoyers, ruinant par là même les colons et les acteurs du négoce maritime, bordelais notamment.
(1) La partie occidentale est occupée par Haïti.
1971
Il fallut attendre le début du XXe siècle pour que le pays se lançât dans la cacaoculture, à laquelle se prêtent particulièrement ses terres fertiles de l’Est. En 1915, Paul Zipperer note la préparation méthodique des fèves qui, en raison d’un séchage souvent limité au strict nécessaire, ne présentent qu’une qualité commerciale médiocre. Les ports d’embarquement étaient alors Puerta Plata, Sanchez, Sumana, La Romana, San Pedro de Macoris et Saint-Domingue. Le cacao Sanchez, provenant du nord de la province de Cibao, était généralement plus estimé que celui produit dans le sud. Mais il semble que la qualité était souvent critiquable. Au cours des années 1930, la production dut son essor à l’arrivée d’une importante main-d’œuvre haïtienne. elle atteignit peu à peu une position stable, autour de 40 000 - 50 000 tonnes. mais, en 1998, le cyclone georges ravagea considérablement l’île et sa zone cacaoyère. Besoin fut d’effectuer de nouvelles plantations et relancer la culture. grâce à un prêt financier des états-unis, la rénovation permit à la récolte de remonter de façon notable. Aujourd’hui, la République Dominicaine est le plus grand producteur de cacao des caraïbes. les plantations occupent 30 % de la forêt tropicale, sur 121 000 hectares. Pour cette raison, le cacao joue un rôle primordial pour la conservation de la biodiversité en fonction des conditions tropicales de la région. On dénombre plus de 40 000 petits ou moyens planteurs et environ 138 400 hectares consacrés à la cacaoculture. La Confédération Nationale des Producteurs de Cacao Dominicains (CONACADO), créée en 1988 et dont le siège se trouve à Haina (province de San Cristobal), regroupe quelque 10 000 agriculteurs, répartis en 182 associations villageoises. Ces associations constituent, à leur tour, 8 fédérations régionales (bloques, en espagnol). L’objectif de la CONACADO : promouvoir la qualité et améliorer les conditions de vie des planteurs. Tout le cacao de la CONACADO s’exporte par le plus grand port du pays, Puerto Rio Haina. au sein du secrétariat à l’agriculture, la comision del cacao a pour rôle d’informer, de réguler et d’harmoniser les travaux, afin que le cacao constitue une des exportations les plus importantes.
La République Dominicaine domine aujourd’hui la production de cacao des Caraïbes. Elle fournit trois types de cacaos : le sanchez, l’hispaniola et l’organico. le sanchez, cacao ordinaire non fermenté, baptisé du nom du port d’embarquement vers les États-Unis, représente le volume le plus important —79 % des exportations en 2003 (2). les quatre cinquièmes de sa récolte sont destinés aux États-Unis, qui l’utilisent essentiellement pour la fabrication des barres enrobées. L’Hispaniola, du nom que christophe colombe donna à l’île lorsqu’il la découvrit, provient de criollos et de trinitarios d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud. produit dans la région de San Francisco de Marcoris, ce cacao supérieur, bien fermenté et bien séché, est très apprécié des fabricants de chocolats fins. Mais il ne représente qu’un peu plus de 10 % de la production. un troisième cacao, organico, est un Hispaniola biologique, obtenu sans pesticide, ni produit chimique. son développement laisse présager qu’il jouera un rôle important dans l’avenir — d’ores et déjà, la République Dominicaine est le premier producteur mondial de cacao organique. Ce cacao est fourni par CONACADO, sous forme de fèves, de beurre de cacao, de cacao en poudre et de pâte de cacao. il est certifié par un organisme allemand, bcs okogarantie, de nuremberg, et admis parmi les standards de l’organisation de commerce équitable allemande fair labeling organization, de bonn. La fermentation des fèves dure environ quatre jours, avec deux brassages. Leur séchage se fait au soleil, sur de grandes claies en bois, montées sur roulettes, pour pouvoir être glissées sous un toit en cas de pluie. La mention bio-dinamico est attribuée au cacao lorsque plantation et cueillette ont observé des rites précis, hérités d’anciennes coutumes (liées à la lune, par ex.), ou ont bénéficié de conditions climatiques particulières. « Soucieux de conserver le pouvoir mystérieux de ces végétaux, les nègres ne les cueillent qu’en lune croissante, tôt le matin ou tard la nuit, heures où la sève est la plus abondante. Les racines, elles, sont récoltées en lune décroissante. Décembre, mai et août sont les meilleurs mois pour l’un et l’autre. », écrit Michèle Kahn dans son roman Cacao à propos de ces rites ancestraux.
(2) Antérieurement, il représentait la quasi totalité du cacao exporté.
1998
Le chocolat continue d’être consommé en boisson dans la République Dominicaine. il est encore paré de propriétés thérapeutiques liées à la médecine traditionnelle.
Les cacaos de la République Dominicaine
La République Dominicaine figure sur la liste des producteurs de cacao fin, le cacao fin représentant 40 % de ses exportations totales. Ses produits présentent généralement un goût très prononcé de cacao. Cacao fin, l’Hispaniola offre un arôme fruité, digne d’un chocolat de grande classe. Son goût est légèrement astringent, avec des notes de réglisse, de poivre et de noix de muscade. Le cacao organique en grains de type Hispaniola (après fermentation) se caractérise par une teneur en humidité de 7,5 % au plus, 1 000 fèves au plus par kilogramme, plus de 85 % de fèves totalement fermentées, 10 % au plus de grains violets, 2 % au plus de grains ardoisés. Il est conditionné en sacs de 70 kg. Le Taïnori, aux arômes de fruits secs et d’agrumes, se caractérise par sa fraîcheur et sa longueur en bouche.
République Dominicaine :
production de cacao
en milliers de tonnes
1893-94 1,975
1894-95 1,660
1895-96 2,250
1896-97 3,655
1897-98 3,993
1898-99 2,895
1899-1900 5,963
1900-01 6,850
1901-02 7,975
1902-03 7,325
1903-04 13,500
1905-06 14,312
1906-07 10,151
1907-08 19,005
1913-14 20,700
1914-15 20,200
1915-16 21,000
1916-17 23,700
1917-18 18,800
1960-61 34,850
1961-62 33,230
1962-63 38,036
1963-64 41,223
1964-65 25,000
1965-66 27,990
1966-67 25,908
1967-68 27,266
1968-69 25,823
1969-70 37,924
1970-71 32,470
1971-72 36,093
1972-73 35,900
1973-74 38,300
1974-75 30,909
1975-76 33,100
1976-77 34,474
1977-78 36,960
1978-79 35,916
1979-80 28,481
1980-81 31,920
1981-82 34,921
1982-83 42,826
1983-84 42,596
1984-85 34,506
1985-86 36,231
1986-87 43,102
1987-88 41,481
1988-89 48,668
1989-90 43,157
1990-91 48,860
1991-92 50,376
1992-93 53,980
1993-94 63,241
1994-95 64,673
1995-96 67,196
1996-97 58,281
1997-98 67,684
1998-99 25,855
1999-2000 37,104
2000-01 44,906
2001-02 45,468
2002-03 47,356
2003-04 47,985
2004-05 31,361
2005-06 47,020
2006-07 43,322
2007-08 45,518
2008-09 54,994
2009-10 58,334
2010-11 54,279
2011-12 ????
2012-13 ….
(Source : FAO.)