Louit Frères

(France)

 

Ancienne chocolaterie française, fondée à Bordeaux (Gironde) en 1825. Sise rue Terre Neuve (auj. Ernest Renan), la Maison Louit Frères & Co manufacturait divers produits alimentaires (tapioca, sagou, farines de légumes pour potage, moutarde, conserves) et conditionnait du thé de Chine dans ses deux établissements. C'est dans celui installé dans le périmètre délimité par les rues Saint-Sernin, Saint-Fort, Turenne et Poitevin (1) que les fèves étaient transformées en chocolat.

En 1825, Paul Louit fonda à Bordeaux la maison de commerce appelée à devenir, sous l’impulsion de ses descendants, la plus grosse fabrique de produits alimentaires du Sud-Ouest. Au milieu du XIXsiècle, celle-ci était déjà titulaire d’une soixantaine de médailles et diplômes d’honneur, obtenus lors des grandes expositions européennes. Dans les années 1860, la Fabrique de chocolat de MM. Louit Frères et Cie s’imposait encore pour avoir « scrupuleusement conservé les saines traditions de l’ancienne et toujours excellente fabrication espagnole » (2). Au début des années 1870, Jean François Émile (3) créa, avec son frère, l’usine de conserves alimentaires qui, jointe à la chocolaterie, généra la société Louit Frères et Cie. En chocolaterie, ses articles phares étaient : le Chocolat-Louit, « Vanille papier bleu, Santé papier jaune en tablettes pour la tasse » ; le Cacao-Louit en poudre, « pur, préparé sans produits chimiques », conditionné en boîtes de métal illustré ; le Choco-Louit et le Choco-Lait, « chocolat fondant exquis à croquer en tablettes et en déjeuners » ; les Bouchées-Louit, « en boîtes, praliné, granits au miel ou en crèmes assorties » ; les Madeleines-Louit, « à la crème assorties ». Elle produisait aussi un « aliment complet», Caobania. En 1903, elle se fit construire par Léon Ordouille une usine-entrepôt-vente à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) [4], pour y fabriquer du tapioca, de la crème de riz et des pâtes à potage. La société disparut après la Seconde guerre mondiale, suite aux difficultés d’approvisionnement en moutarde et aux ambitions politiques d’un directeur de l’époque.

La production de cette firme était réputée, même au-delà des frontières. « […] placée dans le port le plus direct pour les arrivages, la maion Louit n'a cessé de donner à ses chocolats, considérés au point de vue de l'hygiène et de la santé, toutes les propriétés bienfaisantes dont ce précieux aliment est susceptible. / C'est par quarante ans de fabrication intelligente et par l'emploi des procédés si appréciés  de la fabrication espagnole que le chocolat Louit doit sa réputation de supériorité […]. », pouvait-on lire dans un journal de 1868 (5). De cette qualité témoignent les nombreuses médailles remportées lors de grandes expositions — dont deux médailles obtenues en 1867 lors de l'Exposition Universelle de Paris —, ainsi que le brevet de fournisseur de l'Empereur. De 80 personnes en 1878, son personnel devait passer à 210 personnes à la fin des années 1880, puis à 310 en 1910. Jusqu'au tournant du XXsiècle, cette maison domina l'industrie chocolatière dans le sud de la France.

À noter que les frères Louit étaient aussi armateurs (6).

(1) L'autre établissement se trouvait à Tivoli, banlieue de Bordeaux.

(2) Émile Bourdelin, dans Le Monde Illustré, 12 novembre 1864. Le périodique propose trois intéressantes gravures correspondant à trois phases de la fabrication.

(3) En 1861, il créa le Journal de Bordeaux. En 1868, il fit construire le Théâtre Louit.

(4) 148 rue Victor Hugo - rue Paul-Vaillant-Couturier. L’usine est aujourd’hui occupée par des bureaux.

(5) Le Dauphiné, revue littéraire et artistique courrier des eaux thermales de la région, 14 juin 1868.

(6) Catalogue officiel de l'Exposition de 1862. Section française.

Ci-dessous : Le Monde Illustré, 12 novembre 1864.

 

Décortication, Sassage.

Remêleuse, Moulage, Claquette.

Moulins, Mélangeuses, Broyeurs.

Une fabrique bordelaise

 

« Bordeaux, l'escale obligée des Antilles et de toute l'Amérique du Sud est le grand port d'arrivage des cacaos. C'est sur ce marché qu'il est surtout facile au fabricant de choisir les meilleures sortes.

MM. Louit frères et Cie., dont la maison est depuis quarante ans une des plus importantes de l'industrie bordelaise, ont scrupuleusement conservé les saines traditions de l'ancienne et toujours excellente fabrication espagnole. Les ateliers et les magasins de cette usine que nous avons visitée, sont parfaitement installés. L'ordre et la propreté la plus minutieuse règnent dans toutes les parties de.l'établissement. Nous avons suivi la marche des opérations successives. Notre premier dessin représente :

La torréfaction du cacao. — Ce n'est pas trop dire de cette première manipulation, qu'elle est une science qui ne peut être acquise qu'après un longue pratique. Cette opération mal faite changerait complétement les propriétés du chocolat. L'excès de calorique absorbe la partie nutritive du cacao ; le beurre qu'il contient en abondance est altéré. Le chocolat résultant de ce grillage exagéré, nourrit peu,  dessèche et irrite l'estomac. Si l'amande de cacao, au contraire, n'a pas atteint le degré convenable de torréfaction, son arôme est peu développé, le chocolat est gras, il fatigue et devient indigeste. Il faut donc que ce travail soit soumis à des règles certaines qui conservent au chocolat ses propriétés essentiellement hygiéniques. C'est en cela que la manière de procéder chez MM. Louit est irréprochable. La deuxlème planche montre :

Les Moulins à cacao qui brisent les graines.

Les Mélangeuses où la cacao est réduit en pâte et mêlé à une plus ou moins grande quantité de sucre.

Les Broyeurs qui soumettent la pâte à une énergique pression et la rendent compacte et homogène.

Plus le mélange des matières est intime, plus le grain de la pâte est fin, plus la fabrication est parfaite.

À tous ces points de vue, les machines que MM. Louit ont réunies dans leur usine sont les sont les instruments les plus perfectionnés. Le granit et le marbre employés pour les cylindres presseurs de préférence au fer et à la fonte sont une garantie de plus hygiénique fabrication. Ce grand atelier est mû par une puissante machine à vapeur. Dans le troisième sujet nous voyons :

La Remêleuse, machine qui pétrit une dernière fois le chocolat et le prépare à être moulé. C'est au sortir de cet appareil que le chocolat est pesé par morceaux de 250 grammes. Chaque morceau de pâte est mis dans un moule. On pose celui-ci sur une table appelée Claquette à cause du bruit qu'elle fait en secouant la pâte et en la faisant pénétrer dans les moindres cavités du contenant. Après cette opération, les moules sont portés dans une chambre appelée refroidisseur où la pâte se solidifie. L'extraction des tablettes est alors facilitée par la contraction causée par l'abaissement de température.

Un nombreux personnel d'ouvrières est employé dans une autre salle à l'habillage et à l'empaquetage du chococolat. L'usine Louit frères et Cie., établie dans de telles conditions, peut revendiquer pour elle l'expérience de sa longue existence et la situation tout à fait exceptionnelle qu'elle occupe dans le premier port de France  pour l'arrivage des cacaos. Des médailles sans nombre ont été obtenues par cette fabrique à toutes les expositions européennes. Son chiffre de fabrication annuelle est considérable. C'est à cause de cette vogue méritée et de la grande réputation d'excellence qu'ont acquis les produits de cette usine, que nous avons cru devoir lui donner une place parmi les études que nous faisons successivement dans ces colonnes, des grandes industries françaises. »

 

Émile Bourdelin

dans Le Monde Illustré, 12 novembre 1864

Coll. A.P.-R.

 

Coll. A. P.-R.

La publicité

 

La chocolaterie émit de nombreuses et charmantes chromos sur des thèmes très variés.

• En l'An 2000… Baster et Vieillard, Paris.

. « Les expressions pittoresques »

 

• Peau d'Ane

 

• Les curiosités naturelles de France

 

• Les découpis

 

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Commentaires

bernillon marie noelle
il y a 2 ans

Bonjour article très intéressant. A Aigueperse un pt village du Rhône il y a une inscription Chocolat Louit avec un numéro de téléphone semble-t-il. Est-ce que ce serait de la publicité ou une ancienne succursale ? Merci à vous et bonnes fêtes de fin d'année

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